Cogitations et actions
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17-11-2021 |
Complexité,
vous avez dit complexité ?
A
propos du "cuir" végan
Par
hasard, j'ai entendu une expression qui revient assez souvent et qui
fatigue un peu à force. Je ne sais plus qui parlait et disait qu'il
avait dû sortir de sa zone de confort pour, ah si je me souviens,
sortir un disque, donc créer. On pourrait croire que cette exigence
de sortir de sa zone de confort n'est réservée qu'à des métiers
socialement identifiés comme créatifs, la figure de l'artiste
paraissant à ce titre emblématique. Mais la vérité est tout
autre, pour ne pas dire opposée : en fait, nous croyons tous
être dans une zone de confort alors que ce n'est peut-être pas tout
à fait le cas. En effet, cet espace est en principe celui dans
lequel on choisit – à voir ce que recouvre ici le mot « choix »-
de rester car il est synonyme de sécurité et donc de contrôle sur
soi, son environnement. Au-delà, il y a la zone de peur que l'on
évite souvent soigneusement car elle génère un stress difficile à
gérer. Mais il y a encore en un sens pire avec ensuite la zone
d'apprentissage puis celle de croissance où il s'agit d'acquérir de
nouvelles compétences pour affronter de nouvelles situations et en
définitive atteindre des objectifs alignés avec le sens profond des
choses, à commencer par celui de sa propre vie. Ce qu'il y a de
frappant, c'est que finalement qui croit être bien tranquillou dans
sa zone de confort n'y est sans doute pas. Que constate-t-on
aujourd'hui ? Au contraire un sentiment d'insécurité très
justifié par la précarité, la pauvreté grandissantes et
l'incapacité d'un acteur comme l'Etat autrefois régulateur et
correcteur d'injustices d'apporter un minimum de sécurité. Du moins
le contrat social était-il basé sur cette idée, on l'a fait accepter,
qu'il détient pas moins que le monopole de l'usage légitime de la
violence physique (merci cher Max Weber) et, en échange, les individus
en tirent bénéfice en
termes de sécurité tant symbolique que matérielle. Or là,
actuellement, nous nageons en pleine insécurité objective et
subjective, ce qui revient au même car la subjectivité, ce que
croient les individus, est façonneuse de réalité. Deuxième
constat inquiétant : non seulement nous ne sommes pas vraiment
dans une zone prétendument de sécurité mais en plus on est à
cheval sur la zone de peur, laquelle est tout à fait à son aise
puisqu'elle occupe une zone à part entière qui se
caractérise par le fait d'être soumis aux jugements d'autrui, de se
chercher des excuses et de manquer de confiance en soi. On peut penser
ce que l'on veut de ces schémas emprunts de psychologie et de
management, n'empêche que si l'on réfléchit, peu d'entre nous
peuvent prétendre y échapper, voire ne pas les illustrer au point
d'en devenir des caricatures. Donc au final tout cela est vraiment
dommage car on croit, on se persuade sans doute d'être bien au chaud
et que dehors, brrr..., il fait très froid, c'est dangereux, faut
surtout pas sortir, on va crever car le loup nous attend dans le
blizzard alors que nous on est à poil, totalement à poil en plus
dans le noir et avec un foulard rouge bien visible sur la tête en
mode Chaperon rouge somnanbule, et voilà que patatrac, justement, la
vérité est que nous ne sommes pas, ni objectivement ni
subjectivement, en sécurité. Donc tant qu'à faire, autant tout
faire pêter, à commencer par cette notion de zone de sécurité et
sa copine, celle de peur, pour faire notre boulot, merde, et grandir
enfin. Cela ne peut qu'être synonyme de créativité, et pas que
dans le champ artistique, dans tous les champs et pour tous, tous à
la recherche de solutions pour une vie meilleure parce que
franchement en ce moment on peut pas dire que ce soit terrible. En
clair, faudrait pas prendre des vessies pour des lanternes et prendre
pour de la zone de sécurité ce qui n'est que colonisation des
esprits et enfermement dans une insécurité de fait croissante. Tant
qu'à être sur le fil, autant faire le saut et qu'on n'en parle plus. ».
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15-11-2021 |
Développement
territorial et transition écologique :
Les
petites villes, laboratoire d'une innovation nécessaire ?
Dans
un pays qui a longtemps mené son développement par le haut et
survalorisé la grande ville comme un signe de croissance, et au-delà
de modernité, pas facile de changer de braquet et de penser la
Transition. La crise sanitaire actuelle a amplifié un mouvement qui
n'a jamais vraiment cessé de départ de métropoles de plus en plus
jugées invivables vers des villes appréciées pour leur taille
humaine. Le regard se déplace donc vers des territoires souvent
minorisés et dans les esprits et dans les faits, on pourrait même
si on était revanchard parler de petite revanche des petites
villes... regard et revanche qu'illustrent bien le dossier du magazine
Le Un cette semaine. Intitulé « Quel horizon pour les petites
villes ? » -et toujours aussi agréablement
qu'intelligemment illustré-, il les définit au départ
classiquement, c'est-à-dire en termes démographiques. Ainsi, on
parle de ce qui renvoie étymologiquement à la « villa »
romaine (« établissement rural autarcique qui a souvent
constitué le noyau des cités médiévales » d'après
l'urbaniste Françoise Choay), comptant entre 2500 et 25000
habitants. Selon l'ingénieur et urbaniste Jean-Marc Offner, elles
représentent environ 1/3 de là où vivent actuellement les
Français, la difficulté étant sans doute que sont mises dans cette
catégorie aussi bien de petites villes de province que des
périphéries banlieusardes aux problématiques souvent différentes.
Surtout, on s'aperçoit vite que la définition strictement
comptable est imparfaite, ce qui conduit le même J-M Offner a
préciser : « en
réalité, il faut partir de l'idée de « centralité » :
un espace où des gens qui n'y habitent pas se rendent pour trouver
ce qu'il n'ont pas en bas de chez eux. Une petite ville a un
supermarché, éventuellement des médecins spécialisés ».
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14-11-2021 |
Hep,
vous savez quoi ?
On en a marre de toutes ces histoires de
climat
C'est
bientôt Noël et on mange quoi ? Végan !
Vu
le résultat décevant de la COP 26 et même si c'était prévisible,
moi perso je mangerais bien un bon cuissot de lobbyiste
automobilo-pétrolo-casse-couilles pour me donner un peu de force
parce que bien sûr la lutte continue et on va tous la gagner que ça
plaise ou non. Cela dit, Noël arrive avec son lot de douceur dans
les non moins doux foyers donc, après s'être bien échauffé les esprits, il
va falloir songer à se calmer un peu et surtout à (se) faire
très plaisir. Je passe sur l'aspect militant-sensibilisation à la faveur
des repas de famille parce qu'on ne va peut-être pas en rajouter
côté ce qui fâche. Et pourtant, mine de rien, rien n'empêche,
surtout pas si vous attaquez subrepticement les hostilités avec une
tartinade de lentilles au lait de coco et curry, rien de bien
méchant, franchement on va pas en faire tout un fromage, surtout si
c'est d'emblée arrosé d'un bon grog des familles aux écorces de
cacao. Un grog ?! Mais c'est bien catholique, ça, c'est bien
végan ? Mais tout à fait et je ne vois pas pourquoi ça ne le
serait pas.
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13-11-2021 |
Vers
un monde sobre
(ou comment faire passer la pilule de la décroissance)
En
bonne intello et gaucho-écolo, j'ai poursuivi ma lecture de la
presse en cette quinzaine de COP 26. Bon, il ne faut pas m'en
demander trop et je n'ai perdu ni temps ni argent à lire des media
qui ne prenaient même pas la peine de s'emparer de cette quand même
occasion pour parler de la Transition. Après tout, s'ils ne font pas
d'efforts et restent dans leur zone de confort sécurato-sécuritaire,
et la pré-campagne présidentielle n'arrange rien, je ne vois pas
pourquoi moi je sortirais non plus de ma propre zone de confort d'intello gaucho-écolo.
Ainsi, on est sûrs d'avancer certainement vers une Transition
réussie, enfin non, c'est exactement le contraire qu'il faudrait et
à quoi réfléchit l'essayiste Thierry Pech dans l'article « Du
consensus sur le diagnostic au compromis sur les solutions ».
Sa réflexion figure dans l'hebdomadaire Le Un du 3 novembre qui pose
la question qui tue pour qui se serait endormi dans une grotte depuis
un bail : « Sobriété : faut-il s'y préparer ? ».
Evidemment que oui, sinon quoi ? Bon, comme d'habitude, cette
livraison est un peu fouillis-étourdissante sous prétexte de
convoquer diverses voix plus ou moins autorisées et d'éclairer les
différentes facettes du sujet. Une fois de plus, moi qui suis à
force désespérément à la recherche d'un vrai bon gros projet
alternatif, j'en suis pour l'argent et le temps consacrés à
l'effeuillage de ce joli -ça, on ne peut pas le lui enlever- A4 qui
se déplie quasi à l'infini et, au pire, finira en parasol pour se
faire un peu d'ombre en attendant d'aller peut-être un jour en pédalo à Phoenix (cf chronique 122 ). Je
passe sur 2 articles assez inintéressants, l'un écrit par un
historien des sciences qui prétend que la science est une pauvre
victime collatérale de la poussée écologiste dans les consciences
et s'exclame : «
Quoi
de mieux que l'agriculture intelligente armée de ses drones, de ses
capteurs et de sa blockchain pour produire en quantité suffisante de
quoi nourrir l'Humanité sans nuire à l'environnement ?
»
(p.6). Quant au portrait d'une famille soit disant en « rupture
en tandem » sous prétexte qu'elle s'est mise à consommer bio,
va faire ses courses armée de sachets à vélo, comment dire ?
Quand on sait que le monsieur est anesthésiste et la madame
neurologue, donc représentatif des CSP + ayant le plus de capital
sous toutes ses formes pour prendre conscience de la gravité de la
situation et changer aussi drastiquement qu'illico ses pratiques, on
voit difficilement comment trouver un intérêt à ce reportage sans
véritable enjeu et encore moins matière à la moindre admiration.
Je dirais froidement que c'est bien la moindre des choses, surtout
quand on apprend que malgré leur « transition » vers une
sobriété qualifiée de « certes imparfaite, mais heureuse et
concrète », eh bien leurs ordinateurs et smartphones
continuent toujours à fonctionner à plein. Dans les deux cas, on
aura remarqué l'impensé du numérique tant au niveau du coût de la
recherche, de la production des appareils, de leur consommation, des
transactions invisibles mais bien réelles qu'ils induisent, et de
leur fin de vie. Je passe sur tout cela car on aura compris que cela
m'exaspère tout simplement parce que c'est exaspérant et que le
temps manque pour trouver sérieux une démarche qui se solde ainsi
au bout de 3 ans.
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12-11-2021 |
L'hypothèse
de la décroissance
ou
comment enfin et vite rendre net, concret
ce qui demeure flou et
abstrait
En
bonne intello un peu gaucho-écolo sur les bords que je suis fière
d'être, j'ai poursuivi ma lecture scrupuleuse du Télérama consacré
cette semaine, COP déjà 26 oblige, à l'adaptation au changement
climatique. Un article super intéressant est consacré à la
désormais fameuse et si polémique décroissance, la question étant
posée quant à la possibilité et aux modalités de vivre mieux avec
moins. Vaste sujet que l'on a préféré passer sous le tapis alors
que c'est philosophiquement exaltant et plus que jamais nécessaire
de déterminer ce que signifie « mieux vivre » et a
fortiori avec moins car on touche aux besoins essentiels. Lesquels
font d'ailleurs l'objet d'un livre publié par mes économistes
forcément préférés, les « atterrés » (De
quoi avons-nous vraiment besoin ?
aux excellentes éditions Les Liens qui libèrent),
dont je vous parlerai peut-être bientôt mais seulement si vous êtes
sages et si vous faites votre liste de cadeaux décroissants au Pépère Noël.
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11-11-2021 |
Pourquoi
il est suicidaire d'accepter la moindre adaptation
Réflexions
sur le Progrès et la croissance
à propos de Phoenix et au-delà
En
bonne intello un peu gaucho-écolo sur les bords que je suis fière
d'être, j'ai scrupuleusement lu mon Télérama qui consacre cette
semaine un dossier sur l'adaptation. Cela en marge de la COP 26 qui
n'est pas (on aimerait, tant qu'à faire) le prénom d'un gentil
robot échappé de Star Wars mais désigne bien la énième
conférence consacrée au niveau mondial aux mesures à prendre
contre le changement climatique. « Contre », c'est là
que le bas blesse d'entrée de jeu. Car autant il y a quelques années
encore on parlait d'y remédier, autant maintenant, à force de ne
rien faire de substantiel, la stratégie -car l'Homme, en particulier
l'homme, est fin stratège- est de le limiter. D'où la petite
musique de l'adaptation qui, un peu comme la notion de développement
durable, s'est imposée peu à peu. Sous couvert de "pragmatisme". C'est
sûr : personne parmi les décideurs vraiment décideurs n'a le
courage de voir la réalité en face et de caler, d'adapter justement
son action, sur ce cadre de référence, donc on réduit le cadre, on
dit que la réalité c'est ça, on semble pragmatique, on disqualifie
au passage les critiques pour leur coupable idéalisme et... au final
on laisse filer.
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09-11-2021 |
La
(fausse) pause Kaizen
Hello
les amis, je ne sais pas vous mais moi je ralentirais bien un peu,
d'abord parce que la saison nous y incite mais aussi parce que les
derniers mois n'ont quand même pas été super cool. Un peu en mode
« pour la détente, tu repasseras ». Pour cela, rien de
tel que se poser dans son canapé et, infusion détente à la lavande
et à la fleur d'oranger tout contre la joue, ouvrir un bon douillet
magazine. Perso, il y en a un que j'aime beaucoup, il s'appelle Kaizen (ou l'art de s'améliorer petit à petit, en japonais) et cela fait
longtemps que je voulais lui consacrer un petit billet doux. Alors
voilà, nous y sommes parce que le numéro de fin d'année est
justement consacré à un dossier sur le « slow » (n°59,
nov-déc 2021). Ce mouvement n'est certes pas nouveau puisqu'il
suffit de penser à Slow food dans le domaine de l'alimentation,
créé en Italie dans les années 80. Toutefois, ce dossier est intéressant car
il traite autant de ce que l'on peut faire à sa propre échelle pour
prendre le temps qu'à l'échelle collective et en particulier dans
le domaine économique, domaine qui fâche souvent car ralentir et
croissance, il n'y a pas mieux comme choc de paradigme, du moins
jusqu'à nouvel ordre. De nouvel ordre, on espère plus humain et
connecté avec le vivant, il est précisément question dans une
interview de Vincent Liegey qui a sorti un livre sur le sujet aux
éditions Tana. Etais-je trop dans les vapes de lavande et de fleur
d'oranger, n'a-t-il pas donné le meilleur de lui-même dans cette
interview ou le projet est-il en lui-même encore trop immature pour
convaincre, toujours est-il que je vais être honnête et avouer ne
pas avoir franchement capoté sur ses propos. Car au-delà de la
critique désormais classique du système économique actuel et de
ses indicateurs limités comme le PIB, on ne voit pas très bien
comment concrètement passer d'un modèle de société à un autre.
La décroissance n'est pas vraiment définie et un éventail de
solutions sont avancées mais on ne voit pas leur articulation, un
dessein et un design globaux. C'est là que je me dis que si moi je
ne vois pas, avec quand même un certain bagage et une bienveillance
certaine, alors comment faire pour que la masse de nos concitoyens
voient et que cela aboutisse à un changement ?
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