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Cogitations et actions
La suite du plaidoyer pour les cantines bio
05-06-2009
Plaidoyer pour les cantines bio… 

 
Avec un retard lié à un problème informatique heureusement résolu, voici... la suite du plaidoyer pour les cantines bio :

« Ne surtout pas faire passer les comptables en premier »… S’il est une phrase que l’on doit retenir du film « Nos enfants nous accuseront », c’est bien celle-ci.
 Et la personne qui la prononce sait de quoi elle parle puisque c’est le maire du village de Jarsac, lieu où le film a été tourné. Il insiste par là sur la nécessité de ne pas réduire le débat sur les cantines bio à l’argument que l’on sait faux –voire fallacieux- de son surcoût. Faut-il le rappeler ? Quand on mange bio, on mage différemment ; l’équilibre budgétaire provient d’un autre équilibre alimentaire (cf billet Y contre le DL).

 

Autre précepte à retenir du récit passionnant de cette expérience du passage au bio pour la restauration collective : « Il ne faudrait pas croire que notre démarche est démocratique : les habitants nous ont élus et c’est le conseil municipal qui a pris la décision ». Evidemment, c’est un peu gros et faux car il s’agit bien d’un fonctionnement démocratique. Un brin provocateur, l’édile fait ici allusion au caractère non impératif du mandat municipal : on élit un candidat qui n’est légalement pas obligé d’appliquer son programme… à moins, bien sûr, de vouloir être réélu un certain nombre de fois. Ce qu’il pointe, c’est un ingrédient essentiel pour que « la sauce » prenne : la volonté et la prise de risque politiques.

 

La volonté renvoie à l’information et à la prise de conscience ; on voit bien tout au long du film qu’il y a un effort de la part des élus pour comprendre les enjeux d’un passage au bio. Ils sont accompagnés dans cette démarche par l’association Unplusbio. La prise de risque, pour être atténuée, suppose une implication continue afin de rassembler tous les acteurs concernés et lever les résistances : celle des parents d’élèves ou encore celle des agriculteurs locaux conventionnels.

 

Car l’enjeu est bien aussi de structurer une économie locale qui soit propre à plusieurs niveaux :

- écologique, en arrêtant la spirale démoniaque sols morts plantes malades utilisation de produits phytosanitaires pollution massive et dangers mortels pour la population.

- respectueuse de la personne, à commencer par le cuisinier réhabilité dans son rôle initial et non plus ravalé à celui « d’ouvreur de boites et de sacs ». Il devient même éducateur auprès des enfants et, surtout, reconnu, gratifié comme tel par tous.

 

On objectera que cette expérience villageoise est peu transposable en milieu urbain. On sait également que c’est faux ; voir, parmi d’autres exemples de plus en plus nombreux, celui précurseur de Lorient. Non, vraiment, le champ du possible est ouvert. L’enjeu qui consiste à redynamiser l’économie locale par sa conversion écologique est d’autant plus important que derrière les cantines, il y a en fait la restauration collective dans son ensemble. Et, compte-tenu des évolutions démographiques à venir, le « marché » croissant des personnes âgées. Cela peut paraître choquant de s’exprimer ainsi mais les groupes multinationaux auquel est cédé le marché de la restauration collective, donc celui des plats servis en maison de retraite ou chez des particuliers âgés, voient-ils vraiment les choses autrement ? Va-t-on traiter nos anciens comme nos jeunes ? Il est vrai que le risque d’être accusé par les premiers est minime si l’on pousse le cynisme jusqu’au bout. D’ailleurs, cette question est très peu évoquée. Tiens, d’ailleurs, pas de page entière ce mois-ci dans le Dauphiné Libéré sur un non-évènement : l’absence de repas bio dans les cantines chambériennes. Dommage de ne mettre un coup de projecteur que sur l’exception (un repas bio très, mais alors très ponctuel) et lorsque l’on y est convié par ceux qui y ont intérêt. Drôle de conception du journalisme et de la démocratie d’ailleurs.

 

C’est là que l’on revient aux valeurs et au politique. Je laisserai donc le mot de la fin au maire de Barjac : « On ne vaut pas grand chose quand on ne pense qu’à soi ». Restauration sans conscience n’est que ruine de nous-mêmes.

 

© Yolaine de LocoBio,

Avril 2009

 

 
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