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Cogitations et actions
Chronique 176
09-01-2024

 

Chronique 176

  

Des terres pour du lien...

  

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c'est ce que je vous et ce que je nous souhaite en cette nouvelle année. Car rien de mieux que se relier au sol, aux autres et en particulier à ceux qui ont la lourde et noble tâche de bien nous nourrir, se relier aussi à soi-même comme autant d'objectifs tendus vers un unique cap : la Transition. A cette fin, je vous suggère une résolution qu'il serait bénéfique de tenir, en mode s'il n'y en avait qu'une ce serait celle-ci qu'il faudrait tenir. Alors quoi ? Eh bien soutenir l'association Terre de liens qui s'attache à protéger les terres de la pression exercée sur elles parce qu'uniquement perçues à travers le prisme du foncier, donc de ce qui est lucratif. L'idée est en effet, depuis plus de 20 ans, d'acquérir ces terres pour y installer des paysans, donc hors de la logique dominante d'une agriculture nocive pour l'environnement et la santé publique, et connecter ces installations avec une implication citoyenne. Évidemment (mais pas exclusivement tant la question de l'agriculture se pose aussi dans les villes même et dans leur périphérie immédiate afin de nourrir au plus près la population en limitant les transports polluants, afin de « verdir » le tissu urbain, etc...), cette action s'inscrit aussi dans une perspective de redynamisation des espaces ruraux. Et cet aspect n'est pas des moindres à un moment où la « ruralité », de thème n'intéressant personne, est récupérée pour l'essentiel par des mouvances politiquement conservatrices mais économiquement très néo-libérales, dérégulatrices et très responsables du déséquilibre actuel dans l'organisation du territoire, à savoir des campagnes qui ont été désertées au profit de villes devenues obèses, les unes étant chargées de nourrir sans fin et sans voix au chapitre les secondes. 

Donc vous le constatez, Terre de Liens s'est lancée dans un combat majeur, qui nous concerne toutes et tous plus que jamais en ces temps de grande incertitude sur le chapitre ultra sensible de l'auto-suffisance alimentaire (il faut le rappeler : quasi nulle pour chaque territoire, merci la mondialisation et ceux qui l'ont promue, s'en gavent quotidiennement, et merci à nos responsables politiques dont la tâche première est de nous protéger ainsi que d'assurer le plein développement du potentiel de chacun.e). Ainsi, Terre de liens est à la fois une fédération, une foncière et une fondation que vous pouvez soutenir de différentes manières, à commencer par un don, une adhésion à une association proche de chez vous ou encore rallier un des groupes locaux de bénévoles actifs dans tout le pays pour par exemple participer à des chantiers aidant les nouveaux paysans. A ce sujet, vous trouverez toutes les infos utiles ici : https://terredeliens.org/national/nous-soutenir. En les épaulant d'une manière ou d'une autre, c'est faire pleinement de la politique car sans terre nous ne sommes rien et donc rien n'est aussi politique que ce thème en apparence lointain, abstrait. Evidemment, c'est faire œuvre d'action politique aussi car cette entité travaille (réveille parfois) les pouvoirs publics tant au niveau local qu'à celui, tout aussi crucial de l'Europe car c'est avant tout un marché commun qui a été bâti avec son lot de déséquilibres et d'injustices. Ainsi, elle anime depuis plus de 10 ans le réseau https://www.accesstoland.eu qui a 4 objectifs :

  • préserver les terres.

  • faire en sorte qu'elles soient cultivées en vertu des principes de l'agroécologie (= «  une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement (ex : réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles. Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. » D'après la définition donnée par le Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire).

  • aider la jeune génération de paysan.ne.s.

  • gérer les terres comme des communs et non pas dans une perspective individualiste rentable uniquement sur le plan économique. Pour rappel, et d'après la juriste et géographe spécialiste du sujet Daniela Festa, les communs renvoient à la possibilité d'une alternative aux deux modes de propriété les plus courants (privé, public). Ils désignent les ressources aussi bien matérielles qu'immatérielles (connaissances, logiciels) gérées de manière collective par une communauté. On a donc une ressource, une communauté et une pratique qui réglemente l'accès et le partage de la première par la seconde.

 

Je voudrais terminer ce coup de projecteur par quelques défis auxquels les fermes Terre de liens, c'est-à-dire soutenues par cette organisation à divers degrés, de différentes manières, sont confrontées de nos jours :

  • celui de la transmission, de la reprise d'une exploitation dans les meilleures conditions car il s'agit toujours d'un moment délicat où le paysan/la paysanne a besoin d'être épaulé.e pour se familiariser à ce qui sera son nouvel outil de travail et parfois son nouveau lieu de vie.

  • celui de remodeler un paysage, des lieux de production et des réservoirs de biodiversité endommagés par l'étalement urbain et l'appauvrissement des terres via les politiques de suppression des haies et des arbres en vue de produire follement sur de grandes parcelles.

  • celui de repenser en permanence les modèles de viabilité économique (en plus des critères environnementaux et sociaux, piliers du développement durable). Cela suppose de la diversification des activités, certes, mais derrière ce mot se cache un panachage d'activités mouvant qui prouve bien qu'agriculture et innovation vont de concert. Cela juste pour dire que le techno-solutionnisme n'a pas le monopole de l'innovation... et de mauvais cons doublés de cas psychiatriques du type d'Elon Musk (pour ne citer que lui, car majorité récurrente d'hommes inadaptés aux enjeux de la Transition) ont encore moins le monopole de l'innovation. Cette diversification peut ainsi passer par de l'accueil à la ferme pour les particuliers, les écoles. Elle est d'autant plus essentielle que le mouvement observé lors de la pandémie vers les circuits-courts s'est estompé, eh oui le temps n'est plus (ou pas encore à nouveau) où il était quasi interdit de circuler, où il fallait se trouver de bonnes raisons de sortir sans se prendre une amende et où on se souciait miraculeusement de bien manger vu qu'on en avait du temps à tuer en cuisinant. Face à une logique de clientèle volatile, Terre de liens a au contraire à cœur de donner sens et débouchés de proximité à cette diversification qui demande beaucoup d'énergie aux paysan.ne.s.

  • il y a enfin le défi de soutenir particulièrement les femmes car elles doivent dans le domaine agricole aussi s'affirmer face aux idées reçues (condition physique, compétences techniques) et face à leur famille (décisions, gestion de l'emploi du temps). Mention spéciale aussi au NIMA (Non Issu du Milieu Agricole) qui débarquent dans cette profession en subissant eux aussi parfois les idées reçues réservées aux néo-ruraux et manquant d'une transmission de savoir-faire « naturelle » quand on grandit dans ce milieu. Cela dit, ils ne partent pas qu'avec ces handicaps car ils viennent aussi sans les préjugés et les pratiques parfois tenaces du type « ton grand-père et moi on a fait comme ça, alors pourquoi tu veux faire autrement »... quand le « autrement » en question signifie de passer du conventionnel au bio.

 

Bref, du soutien il en faut et je compte sur vous pour réserver un peu de votre attention quotidienne que je sais prise entre mille feux à des initiatives allant dans le bon sens. D'ailleurs, si vous cherchez vous-mêmes à vous investir professionnellement dans le champ agricole, n'hésitez pas à consulter les 2 liens suivants qui ont trait d'une part aux formations disponibles et d'autre part à des offres d'emploi, de stage, de service civil volontaire.

https://terredeliens.org/national/actu/?categorie=1

https://terredeliens.org/national/actu/?categorie=4

  

Je ne saurais terminer cette première chronique de l'année sans partager avec vous ce qui pourrait, après tout, devenir un bon mantra et guider un quotidien de temps à autre un brin pesant, un brin confus. Voici donc, de l'écrivaine Anaïs Vanel, page 171 c'est-à-dire au terme d'un cheminement qui lui a permis de revoir la lumière en elle et au dehors exprimé dans le roman Tout quitter (Harper Collins Poche, 2019) : « Apprendre. Découvrir. S'émerveiller. Expérimenter. Se relier à la nature. Vibrer. Lâcher prise. Se connecter aux autres. Partager. Oser ne rien faire. Contempler. Improviser. Semer. Récolter. Donner. Rêver. Créer. Simplifier. Commencer. Imaginer. Se lancer. Exister. Respirer. Ressentir. Écouter. Clarifier. Essayer. Apprécier. Grandir. Explorer. Rire. Sourire. Guérir. Aimer. Chanter. S'élever. Se libérer. Vivre. »

 

Citoyennement vôtre,

©Yolaine de LocoBio,

Janvier 2024

 
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