Chronique
152
Sur
le fil d'actu/du rasoir/à plomb #3
Mars
dans le monde et en-deçà
«Route à
la campagne, avec arbre.
Soir.
Estragon, assis
sur une pierre, essaie d'enlever sa chaussure. Il s'y acharne des
deux mains, en ahanant. Il s'arrête, à bout de forces, se repose en
haletant, recommence. Même jeu.
Entre Vladimir.
Estragon
(renonçant à nouveau) : Rien à faire.
Vladimir
(s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je
commence à le croire. (Il s'immobilise). J'ai longtemps résisté à
cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable, tu n'as pas
encore tout essayé. Et je reprenais le combat.(...) ».
En attendant
Godot, Samuel Beckett,
Editions de Minuit, 1997 pour la présente édition, p.9
- NO
COMMENT, alias « Shame shame on you »... ou comment la
guerre en Ukraine sert à la fois d'alibi et d'alarme à prendre au
sérieux
Une
fois n'est pas coutume mais après tout je changerai de disque quand
la situation changera, mon premier ferment de révolte est dû à une
contradiction majeure en France qui passe une fois de plus à l'as à
cause de la guerre. Je dis « une fois de plus » car
l'exécutif -puisque c'est de lui qu'il s'agit- a l'habitude de
dresser des écrans de fumée et d'en appeler à l'unité nationale.
Alors c'est sûr qu'une guerre ne pouvait en un sens pas mieux tomber
pour achever un mandat qui n'aura pas su ni voulu fonctionner
autrement que sous le signe de l'amateurisme, de l'imposture, de
l'abandon de la société aux ravages du néolibéralisme et du
raidissement autoritaire. Un symbole de son cynisme est, une fois de
plus, la gestion politicienne de la pandémie et en particulier du
passe sanitaire puis vaccinal (même l'hyper pro-vaccin et passe
Dr Mathias Wargon, mari de la ministre du même nom, le dénonce et
vous pouvez le constater en regardant la rediffusion de l'émission
« C'est à vous » sur France 5 en date du 15 mars 2022).
En effet, celui-ci a été instauré alors même que les données
sanitaires étaient meilleures et que des pays voisins levaient les
restrictions à cause de leur coût économique et de leur rôle dans
le fractionnement inquiétant de la société. Je pense en
particulier à la Suisse qui a un souci sain de ses propres deniers,
s'affole dès que la dette publique gonfle un peu trop et où le
tabou sur les oppositions aux restrictions est moins prégnant qu'en
France, où il règne on dira un plus grand pluralisme d'expression
politique. Ensuite, l'annonce de la suspension de ce passe est
intervenue comme par hasard de manière concomitante à celle de la
candidature de l'actuel Président de notre République, ce qui rend
manifeste la recherche de suffrages au sujet desquels il pourrait
effectivement finir par se faire du souci (et les récents
« tapinages » en direction des fonctionnaires en faisant
miroiter la hausse du point d'indice, ou encore vers les Corses et
faisant également miroiter une autonomie ne font que confirmer ce côté
légèrement opportuniste-aux abois). Enfin, il ne s'agit bien que de
suspension et non de suppression définitive de ce passe ; le
fondement de cette nuance réside dans le maintien, mine de rien, de
l'état d'urgence sanitaire pour l'instant jusqu'au 31 juillet. Cela
signifie clairement qu'une citoyenneté de 2de zone a été instituée
dans notre pays de façon inédite, que clairement et logiquement
cela n'aide pas à la fameuse « unité nationale »,
qu'une campagne présidentielle puis législative donc des temps
forts, sacrés, de notre démocratie se déroulent sous un régime
d'état d'exception, tout cela dans un silence plus qu'assourdissant
y compris des media, y compris des media habituellement alternatifs.
Preuve que détourner l'attention et attendre que les jours passent,
jouer la montre en jouant tantôt sur le registre de celui qui
« protège » face à la guerre, n'est comptable de rien
alors que les bilans écologique et agricole sont mauvais, tantôt
sur le candidat qui vaguement daigne se mêler au débat
démocratique, eh bien tout cela est la preuve que le cynisme ça
marche. Bon, une fois que l'on a constaté ce que Machiavel en son
temps avait déjà constaté, qu'en tirer ? Eh bien que c'est
bien dommage car ce n'est ni avec ce genre de valeur ni avec ce
genre de comportement que la Transition pourra avoir lieu car il
nous faut au contraire traiter les gens comme des adultes et
s'attacher à créer une vraie unité durable, en l'occurrence certes
nationale mais profondément du genre humain. C'est peu de le dire,
donc, que nous sommes ces jours-ci particulièrement et même si cela
ne se voit ni ne se dit pas en pleine et totale régression.
A
propos de régression, il est évident que le chef de l'Etat russe en
tient une bonne couche, lui qui semble câblé neurologiquement
suivant les sentiers de dépendance d'un autre temps. Il nous inflige
donc (enfin pour l'instant on peut faire comme si nous n'étions pas
directement concernés) une guerre suivant le bon vieux modèle
classique de l'invasion territoriale. Alors là, c'est sûr que tant
que des individus de cette espèce existeront et auront de tels
moyens d'agir, ce dont le principal intéressé s'est assuré par
diverses manipulations de procédures pseudo-démocratiques sur
lesquelles nous avons fermé les yeux sans doute pour mieux continuer
-entre autres- à lui vendre des armes, c'est sûr que des freins
majeurs existeront pour la Transition. C'est fou d'ailleurs, cela
donne limite une sensation d'irréalité, c'est même limite si on se
disait d'un coup que la Transition est un rêve, qu'en fait ce n'est
pas et ça n'a jamais été le sujet. Vous voyez encore le hold-up
sur le réel ? Vous la voyez la guerre, la vraie guerre
cognitive où elle est ? Il faut coller aux faits et ne pas
se laisser décourager par une telle régression qui, par ailleurs,
était d'autant plus prévisible que ce type de guerre
« conventionnelle » est bien loin d'avoir disparu de la
surface terrestre. Même en sachant cela, le réveil est brutal et
l'écoeurement massif face à ce degré de pollution des esprits
totalement contre-productif au regard des vrais enjeux qui demeurent.
Il l'est aussi, bien sûr, face à la souffrance infligée aux
humains et autres êtres vivants tués, blessés, contraints à
l'exil, sans parler de la dimension « écocide » propre à
toute guerre avec, entre autres, son lot de sols souillés et d'eaux
contaminés. Et cela, c'est si le nucléaire ne s'en mêle pas...
Shame, shame, shame, donc shame absolu. On nous dit que le président
russe n'acceptera pas de perdre, qu'il faut trouver une « sortie »
par le haut et si possible aussi du camp adverse. Soit. Mais tout
cela sonne un peu chinois, façon de parler, c'est un peu comme s'il
y avait tout ce langage et la réalité qui se faisait la malle à
côté. Et de toute façon, c'est quoi au juste « sortir par
le haut » si on y passe tous ?
-
BOF,
alias c'est vraiment comment ça qu'on va changer de monde ? C'est
pas moi qui pose la question mais le GIEC
En
lien avec la réflexion d'avant, je dirais même en miroir, nous
avons le GIEC qui comme chacun sait s'occupe lui sérieusement du
changement climatique. Lui aussi assez éclipsé par ce qui
vient toujours, c'est vraiment dommage, se mettre au devant de la
scène et sur les agendas de dirigeants entendant nous « protéger »,
il a récemment publié le 2ème volet de son 6ème rapport. Il n'est
plus ici question, comme dans le 1er volet, de prouver par diverses
mesures la réalité de ce changement mais de constater ses
impacts déjà désastreux et forcément de mauvais augure, d'où la
notion d'urgence climatique et l'impossibilité de demeurer dans
l'inaction. Pour vous documenter et vous engager, donc agir,
voici un lien qui pourrait ne pas être inutile :
https://www.amisdelaterre.org/nouveau-rapport-giec.
Comme toujours, les
documents émis par ce groupe d'experts au niveau international sont
très complets et forcément volumineux, denses. La question du
climat étant elle-même large, il n'est pas évident d'en extraire
des enseignements au regard des problématiques qui retiennent plus
spécifiquement mon attention dans le cadre de ces chroniques LocoBio
(l'alimentation et l'agriculture). Ce que l'on peut malgré tout
retenir, c'est que les écosystèmes rendent gratuitement des
services importants aux hommes. J'ai personnellement horreur de cette
expression et de cette conception en termes de « services
rendus », encore plus par la « Nature » car elle
reflète tellement l'impasse spirituelle et langagière dans
laquelle nous sommes, à savoir cette séparation sotte et
d'ailleurs non permanente dans l'Histoire et non partagée par toutes
les communautés humaine sur Terre entre d'une part la « Nature »
et nous. Certaines philosophies et religions dichotomisantes qui se
sont malheureusement imposées en Occident n'y sont pas pour rien,
surtout qu'elles ont été renforcées par le capitalisme dont elles
sont le fondement. Nous avons ainsi créé les germes de notre propre
malédiction, si tenté qu'un terme de cette acception ait sa place
dans un propos se voulant rationnel. Parenthèse refermée, le Giec
souligne donc que des écosystèmes sains, c'est-à-dire
concrètement de l'eau, un air de bonne qualité, sont essentiels par
exemple aux cultures, donc à notre alimentation, donc si on
réfléchit bien, à notre (sur)vie. D'où leur insistance sur la
nécessité non plus de protéger mais de restaurer, de réparer les
écosystèmes déjà endommagés. D'où la mienne sur la nécessité
de se retrousser les manches plutôt que de faire la guerre ou de se
draper dans un conflit pour satisfaire des ambitions avant tout
d'ordre pathologique et narcissique. Par ailleurs, le Giec souligne
bien que toutes les parties du monde sont concernées par la
catastrophe en cours actuellement. En un sens, cela est bien et me
plaît car une des grandes plaies politiques est de se croire à
l'abri, que certains pourront y échapper, comme dans un des
épisodes de la très bonne série L'effondrement
(https://www.youtube.com/watch?v=riT6DFedz0Y&list=PLo4Qwa4Nhi1m1v4aernDm1agaSqWuoBDS&index=4).
A moins de faire l'hypothèse toujours possible d'un cynisme fou
s'appuyant sur, au pire, la disparition par pandémies, guerres,
divers fléaux, de la majorité des habitants de la planète et du
sauvetage des survivants par la technologie, on peut se dire qu'être
tous dans la même barque va bien finir par faire bouger les fameuses
lignes. Or ce que dit le Giec, désolée, mais n'est pas du tout
rassurant pour notre propre Europe car, pour ne citer que cet
aspect, la sécheresse en hausse va évidemment apporter des dommages
à notre agriculture, donc à notre alimentation. Et alors, est-ce
que comme en ce moment, le modèle intensif respectueux de rien, ni
des sols, ni des autres animaux, est-ce que ce modèle sera présenté
comme LA solution face à la guerre militaire et climatique ? On
ne sait pas et, très franchement, les vents qui soufflent en ce
moment sont très contraires, ce qui occasionne certaines turbulences
de plus en plus marquées que vous aurez peut-être comme moi
ressenties. Preuve que les clivages sont de plus en plus marqués et
que c'est clair, tout ne pourra pas cohabiter et il va falloir
choisir puis s’appliquer à une ligne de changement clair :
pour la 1ère fois le Giec évoque la décroissance. Or vous savez
comme moi que poser des limites à une économie jusqu'ici doublement
sans limites (prédatrice et menant tout), cela relève d'un exploit
et d'une source de discrédit public dont tous les chantres de la
dite décroissance peuvent témoigner. A titre personnel, je ne suis
pas d'une école ou d'une autre, je trouve seulement intéressant que
la décroissance -et ce n'est pas rien- pose la question des limites
et donc de la sobriété. Laquelle sobriété est d'ailleurs toujours
refusée par notre propre gouvernement qui se soucie plus de plus
d'autonomie énergétique (enfin, ce n'est déjà pas si mal!), mais
pour consommer toujours autant. Or cela est impossible et il va bien
falloir se poser la question de la course à l'armement en matière
d'industrie automobile, électrique ou pas, et d'objets connectés
inutiles... surtout s'ils contribuent à de la surveillance
domestique et compte-tenu du seul problème de base qui reste et
restera toujours : faire pousser une salade pour la manger,
est-ce que vous, les politiques, vous savez ce que ça représente
comme efforts et comme aléas ? Oui, vous que l'on ne voit
jamais au jardin mais qui mangez bien vos repas réguliers, est-ce
que seulement vous savez de quoi vous parlez ?
- SO
WHAT ? Que faire face à la baisse de la consommation de
produits bio ?
La
demande, la rémunération et donc l'offre en produits bio ne
s'inscrivent de fait plus dans le cadre d'un marché qui était
prometteur car en hausse toutes ces dernières années. Et il
faudrait veiller à ce que ce phénomène n'impacte pas les
reconversions et les installations dans cette agriculture certes pas
parfaite mais en tout cas mieux que le modèle productiviste
dominant. Identifier les causes peut comme toujours servir à
remédier à cet état de fait, comme par exemple l'inégalité en
matière promotionnelle pour promouvoir certains produits plutôt que
d'autres. A ce propos, un accord a récemment et finalement été
trouvé avec les interprofessions pour que les agriculteurs bio
bénéficient enfin d'une campagne de publicité en vue d'informer et
de stimuler la demande. A
titre individuel, il reste que chacun doit être au clair avec ses
priorités et les moyens de les atteindre.
Il est certain que si des modes de vie ne valorisant pas une saine
alimentation, conduisant à la sédentarité, à la précarité,
voire à des préoccupations plus majeures comme des conflits,
polluent en permanence, font écran entre les bonnes pratiques et ce
qu'il advient au final, il y a peu d'espoir. Plus que jamais, savoir
ce que l'on veut faire de sa santé (comme nous y invite d'ailleurs,
entre autres, ce livre :
https://www.editionsdurocher.fr/livre/fiche/votre-sante-dans-le-monde-d-apres-9782268106731)
doit être priorisé. Et, dans cette perspective, réserver une part
de son budget à une saine alimentation, par définition plus bio et
locale que conventionnelle et donc non bio, provenant de chaines
d'approvisionnement souvent très lointaines, faire cet effort est
déterminant. D'abord parce qu'il signe une volonté de rompre avec
des schémas de dépendance psychologique consistant à se laisser
déposséder de ce qui est essentiel, s'alimenter, prendre soin de
soi ; et cela se traduit en actes en s'achalandant notamment au
plus près, directement auprès des producteurs, ou dans des systèmes
de commercialisation soucieux de bien les rémunérer. A ce titre,
s'informer voire s'investir dans des coopératives bio pour prendre
conscience de toute la réalité économique qu'il y a derrière
juste les produits que nous prenons parfois d'une main désinvolte en
rayon est une démarche à mon sens salutaire tant la déconnection
règne en fait partout. On peut enfin mentionner le
rôle une fois de plus central des collectivités locales,
et donc de qui on met à leur tête, de même que le dynamisme d'un
tissu local militant sensibilisé et formé aux enjeux alimentaires.
J'en ai déjà parlé mais j'insiste à nouveau sur la possibilité
de désormais réaliser dans notre pays des Plans Alimentaires
Locaux, lesquels sont un cadre assez complet témoignant d'une
avancée à saluer comme telle. Toutefois, sans se lancer dans un tel
programme, une collectivité peut déjà jouer sur le levier de la
commande publique et de la restauration collective pour participer à
sa manière à l'essor du bio.
- YEP !
YEP ! YEP ! On va la garder, la patate !
Eh
oui, se prendre en main, être acteur de sa consommation et de son
alimentation, par l'édification d'un jardin apporter sa pierre à
celle d'un nouveau projet de société, voilà une recette ma foi
pas vraiment dépassée. Chacun emprunte sa voie, individuelle ou
collective. Certains apportent une touche d'humour tout en restant
très sérieux et concentrés sur le fond, comme à Blois le
collectif des 41 patates dont le premier but a été de produire
une tonne de pommes de terre. Production symbolique car c'est un des
fondements de notre alimentation de longue date mais aussi première
pierre d'un projet qui s'attache désormais à développer un jardin
composé de plantes médicinales et autres fruits. Leur exemple
est inspirant, à la fois dans ses modalités pratiques et pour les
bases d'un récit alternatif. Je vous mets donc à la suite le
lien vers leur collecte de fonds passée car la vidéo de
présentation est aussi explicite que plaisante. Vous trouverez aussi
le lien pour les suivre, comme on dit, sur les réseaux sociaux et,
qui sait, les épauler par vos bras, vos idées, vos outils, vos
conseils ou vos contacts.
https://www.helloasso.com/associations/les-41-patates/collectes/pour-une-tonne-de-patates-etudiantes-a-blois-1
https://www.facebook.com/les41patates
- AND
NOW, LADIES AND GENTLEMEN... Il est temps de vous inscrire à un
défi et pourquoi pas à une formation ?
-
L'agglomération chambérienne encourage de nouvelles pratiques
positives :
Grand
Chambéry organise cette année la 1 ère édition de son challenge «
Mieux manger, moins jeter » qui vient remplacer son défi zéro
déchet. Un challenge ouvert à tous pour tenter de réduire, en 3
mois, le poids de ses poubelles, de consommer
plus local
et de s’ouvrir à de nouvelles pratiques anti-gaspillage.
https://www.grandchambery.fr/actualite/4324/20-etes-vous-cap-de-mieux-manger-moins-jeter-en-100-jours.htm.
L'association
Compost'Action est une ressource utile pour ce défi et pour vous
de manière générale : https://www.compostaction.org:
formation, accompagnement et sensibilisation au compostage.
-
Et pourquoi pas se mettre à
jardiner, dans son propre jardin ou dans un jardin partagé ?
17
millions de français possèdent un jardin ce qui représente 4 fois
la surface des réserves naturelles de France. Qu’ils soient grands
ou petits, qu'ils se trouvent en ville ou à la campagne, les
jardins jouent un rôle important dans la préservation du vivant.
Pour permettre aux jardiniers pratiquant ou en devenir de
s’approprier les concepts, des outils et des actions sur le
jardinage avec le vivant : La
Maison de la consommation et de l’environnement, Bretagne Vivante,
Eau et Rivières de Bretagne, Vert le jardin et la Maison de la bio
du Finistère vous proposent le MOOC
Jardiner avec le vivant : une formation en ligne
gratuite, accessible à tous et diffusée pendant 8 semaines.
https://www.tela-botanica.org/2022/01/le-mooc-jardiner-avec-le-vivant-est-ouvert-aux-inscriptions.
« Estragon :
Didi.
Vladimir :
Oui.
Estragon :
Je ne peux plus continuer comme ça.
Vladimir :
On dit ça.
Estragon :
Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux.
Vladimir :
On se pendra demain. (Un temps). A moins que Godot vienne.
Estragon :
Et s'il vient ?
Vladimir :
Nous seront sauvés.
Vladimir
enlève son chapeau -celui de Lucky- regarde dedans, y passe la main,
le secoue, le remet.
Estragon :
Alors, on y va ?
Vladimir :
Relève ton pantalon.
Estragon :
Comment ?
Vladimir :
Relève ton pantalon.
Estragon :
Que j'enlève mon pantalon ?
Vladimir :
RE-lève ton pantalon.
Estragon :
C'est vrai.
Il
relève son pantalon. Silence.
Vladimir :
Alors, on y va ?
Estragon :
Allons-y.
Ils
ne bougent pas. »
En attendant
Godot, Samuel Beckett,
Editions de Minuit, 1997 pour la présente édition, p.133-134.
Citoyennement
vôtre,
©Yolaine
de LocoBio,
Mars
2022
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