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Chronique 104
03-02-2020

Le feu au lac

 

  

Que ce soit notre maison ou le lac, en l’occurrence le lac Léman, tout brûle désormais et pas qu’au figuré. La morgue et l’ignorance peuvent être une solution. Mais alors que ceux qui l’affichent assument et soient bien les premières et seules victimes du déni en matière de changement climatique. Or ce n’est pour le moment pas le cas et l’affaire se corse quand le déni anime voire booste politiquement de puissants dirigeants. Un jour ou l’autre (mais vite, maintenant), il faudra bien que ce frein à la transition cède.

A ce propos, figurez-vous que des gens très bien, peu soupçonnables d’inculture et de tropisme radical, mettent désormais leur poids dans la balance de la défense du bien commun. Ce sont des Suisses et en plus ce sont des gens de loi. Poursuivons donc notre échappée outre-lémanique et laissez-moi vous raconter une affaire qui agite actuellement des esprits d’ordinaire plus paisibles. Nous sommes début janvier et le Tribunal de Police de Lausanne prend une décision qui sonne comme un coup de tonnerre : il décide d’acquitter les jeunes activistes qui avaient il y a peu investi le Crédit Suisse pour dénoncer ses investissements dans les énergies fossiles. Evidemment, cela laisse le champ libre à d’autres actions du même type et on ne manque pas de s’interroger en vrac : sur l’utilité de ce genre d’action pour inciter les entreprises à changer leur comportement, sur le poids médiatique face à des décisions qui devraient se prendre dans le cadre démocratique, bref sur la sempiternelle opposition légalité/légitimité. Les voix ne manquent pas pour suggérer de davantage miser sur la voie légale grâce aux recours contre l’Etat pour carence en matière de protection du climat, aux mêmes recours contre les entreprises ou à toujours plus de transparence et d’intégration des coûts environnementaux réels, sans oublier les actions de boycott de la part des consommateurs. Certes, mais pour changer les choses, peut-on faire l’économie de coups d’éclat pacifistes ? Ne s’agit-il que folie de folle jeunesse ? 

 

Il semble bien que non, et on en veut pour preuve la montée au créneau d’une autre catégorie de personnes peu soupçonnables de ce fameux radicalisme vert qui fait tant peur (à se demander qui agite et dans quel intérêt ce chiffon rouge, enfin… vert) : les médecins. Ainsi, dans un récent article publié dans le quotidien 24 heures, un responsable d’Unisanté-Centre universitaire de médecine générale et santé publique pointe le fait que comme les effets du changement climatique deviennent plus visibles, ses collègues en prennent davantage conscience et non seulement rejoignent la lutte dans la rue aux côtés d’Extinction Rebellion ou de la petite/grande Greta, mais voient aussi des groupements comme l’Alliance suisse des professions de la santé pour le climat se structurer. Et bien sûr interpeller les politiques pour que des mesures soient rapidement et massivement prises pour endiguer l’impact négatif du laisser-aller en la matière.

 

Il rappelle ainsi que le réchauffement et la pollution sont les principaux risques de cette crise, la plus dangereuse pour la planète actuellement. Problèmes divers, cardiovasculaires, respiratoires, allergiques, augmentation des insuffisances rénales et des décompensations psychotiques en période caniculaire,  facilité accrue d’expansion des maladies infectieuses… la liste est longue qui conduit à un recul de l’espérance de vie et au mythique progrès. Qui l’eût cru voici juste quelques décennies ? Les professionnels de santé n’ont d’ailleurs pas hésité à publier une lettre ouverte soutenant, ce qui n’est quand même pas rien, le mouvement Extinction Rébellion, lettre qui faisait écho à une préoccupation qui les anime et qui constitue d’ailleurs aussi le fil rouge des préoccupations de LocoBio : la sécurité alimentaire. De fait, la santé dépend de déterminants sociaux, parmi lesquels la qualité de l’alimentation. Or celle-ci est particulièrement mise à mal par le changement climatique à cause des sécheresses en augmentation et de la diminution de la production globale. A moins de tous s’embarquer dans des vaisseaux en avalant de petites pilules lyophilisées, il est clair qu’il y a un peu de souci à se faire face à tel tableau.

 

Je vous laisse à vos réflexions, tasse de tisane au tilleul bien en main.

 

La suite au prochain épisode, avec un focus justement sur qui décide du contenu de l’assiette en Suisse. Passionnant, édifiant, donnant la légère envie de faire le même type d’enquête en France. Vertigineux ? Allons, courage ! Et d’ici là, mangez et bougez, c’est-à-dire manifestez pour défendre de bonnes terres cultivables en bio près de chez vous, avec des paysans correctement rémunérés et symboles d’emplois créés. Tout un programme ? Non, vous croyez ? Sinon, à quoi ça servirait que LocoBio se décarcasse depuis tant d’années ? ;)

 

©Yolaine de LocoBio

Février 2020

 
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