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Cogitations et actions
Chronique 97
14-01-2019

A propos des risques de « dictature verte »

 

  

En cette nouvelle année que je vous souhaite ultra-bonne d’autant plus qu’elle sera cruciale, le moins que l’on puisse dire est que ça attaque fort. L’actualité politique, bien sûr, avec la désormais fameuse crise des « gilets jaunes » et sa réponse politique hésitante, tardive, inadéquate et sans doute vouée à l’échec : le lancement, ce jour-même, du non moins fameux grand « débat national »

On va dire que c’est encore moi qui attaque fort, bille en tête, mais non, désolée encore non et trois fois non. Il y aurait beaucoup à dire, on se limitera à sourire (au mieux) d’une consultation soi-disant sans interdit mais qui fixe au hasard un cadre n’incluant pas ce qui révolte à peu près tout le monde : la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune), promesse de campagne du candidat Macron, immédiatement appliquée à peine arrivé à la présidence de notre République. Avec de telles provocations, ou au mieux un tel aveuglement, le moins que l’on puisse dire est que c’est mal embouché. Le pire, ça c’est sûr, c’est la perte de temps qui s’ajoute à beaucoup de temps déjà perdu. Bon, en un sens ce temps n’est pas perdu pour tous puisque nombre de politiciens cherchent à jouer la montre et vont bien essayer de récupérer une colère peut-être encore démultipliée par une occasion manquée. Soit, mais le problème est justement cette perte de temps, qui elle dessert et à qui elle profite.

 

Regardons un peu les choses de l’extérieur, c’est-à-dire plaçons-nous au cœur du vrai sujet : est-il à l’échelle française ? Non. Est-il le pouvoir d’achat ? Non. En un sens, oui, et c’est bien pour cela qu’il y a agitation en tous sens, c’est-à-dire récriminations et tentatives d’amusement de la galerie. Mais fondamentalement, tout le monde est hors-sujet. Car le problème n’est plus à l’échelle française et il réside encore moins dans l’amélioration du pouvoir d’achat donné en échange, à une époque historique somme toute bien courte et définitivement révolue, d’une adhésion au système libéral. Miracle du citoyen-consommateur certes déraciné et de plus en plus obèse et décérébré, sans plus aucun horizon encore moins spirituel, mais miracle quand même… comme une vieille lanterne à laquelle il faudrait encore s’accrocher. Comme ce n’est plus possible, que maintenant on a le climat fermement en travers et que les écolos nous fatiguent avec ça, alors on commence à se poser des questions : mais alors, quoi faire, oui quoi faire… tant qu’il est encore temps ? Il y a ceux qui prônent les petits pas, ces initiatives citoyennes qui agrégées, vont bien finir par limiter la consommation et donc, et donc, et donc ben on s’en sortira. Bon, faut y croire. Bien sûr que ça joue mais pas sûr que ça suffira, encore moins à temps. Et donc il y a des sortes d’agités qui se mettent à en appeler à des mesures un peu plus on dira « radicales », à  poser des questions qui embarrassent. Par exemple celle de la démographie galopante et du contrôle des naissances. Ou celle de la baisse de la consommation qui reviendrait forcément à organiser la pénurie. Horreur. Il est évident que présentée sous ce jour, on ne peut que parler (à nouveau, car ce n’est pas nouveau) de dictature verte. Eh oui, à nouveau l’épouvantail de la fin du capitalisme ou la mort, car il est bien connu que capitalisme rime forcément avec respect de la vie, de toutes les vies à la surface de notre globe encore terrestre. Si poser la question de la relation entre écologie et libertés est fondé, il est en revanche malhonnête de conclure à la destruction des secondes à cause de la première, en plus même pas advenue.

 

Car l’enjeu, au fond, n’est-il pas qu’une démocratie vraiment écologique, c’est-à-dire pleinement vivante, n’advienne jamais ? Ne ferait-on pas mieux, une fois de plus, de déplacer la focale et de s’intéresser au silence de ce qui agit dans une ombre bien anti-démocratique et si capitalistique, elle ? Car après tout, c’est bien joli de rejeter l’écologie au nom de la démocratie, mais l’écologie est-elle vraiment le danger le plus sérieux qui la menace et qui nous menace donc nous, concrètement, au quotidien ? C’est vrai, va-t-on demander des comptes aux opérateurs que les politiques laissent installer des relais de communication de plus en plus puissants, partout, sans aucun recul en matière de santé publique ? Et les GAFA (géants du Web), se préoccupe-t-on vraiment de leur intrusion dans ce qui reste de nos vies privées et de leurs projets en matière d’humanité prétendument augmentée ? Non, rien de sérieux n’est fait car tout cela ne concerne en apparence que la sphère économique et le progrès, le confort, toujours eux, sont si bien vendus à un public chaque jour de moins en moins capable d’esprit critique et de simple articulation de mots de toutes façons oubliés.  C’est bien, y’a pas à dire, c’est bien : chacun va désormais rêver de son assistant domestique doté d’un prénom familier et puis on fusionnera avec des machines ou des animaux non-humains, on s’en moque un peu à vrai dire car à vrai dire on fusionnera avec ce qui passera, pouf !, comme ça, un peu par magie, le moment venu.

 

Le rêve. Le rêve, ce sera surtout de ne plus avoir à se poser sans doute ni la question de l’écologie ni celle de la démocratie. Sérieux, en ce moment, y’en a dans certaines sphères, bien retranchés dans leurs labos et bientôt leurs îles/planètes, qui doivent bien rigoler.

 

Rigoler de hochets pathétiques comme le grand débat national.

 

Rigoler de tous ces appels à défendre le vivant.

 

Rigoler de quoi ? Vous dites quoi ? La quoi ? Démocratie ? Démocratie ?! Connais pas, moi. Car moi être géant immatériel bien matérialiste et moi être très content de tous ces éparpillements, surtout quand faire régner l’ordre est une rigolade déléguée aux fascistes allant croissant.

 

Bref, en un mot, c’est sûr, ce qui nous menace le plus, c’est l’écologie et son vrai visage : la dictature verte. C’est bien mieux de continuer à consommer et à revendiquer chacun de son côté un peu de visibilité pour avoir des droits. C’est cool comme cadre de réflexion et d’action. C’est cool mais c’est totalement à côté de la plaque car il n’est plus temps côté climat. Surtout, il est temps que les ennemis (pas d’autre mot) et de l’écologie et de la démocratie soient neutralisés, c’est-à-dire interrogés sur leurs propres valeurs et régulés par un pouvoir politique démocratique. Car si on marche sur la tête, c’est bien parce que eux mènent le monde à leur guise, en plus dans le mur. Intuitivement, on le sait tous mais ceux qui peuvent ne font rien et ceux qui ne peuvent pas… ben ne peuvent pas.

 

Du courage, il va donc en falloir, c’est sûr, pour voir les choses en face, déboulonner ou limiter la nuisance des pas francs du collier et reprendre le contrôle de la machine politique pour préserver le vivant. Après tout, s’il existe un « propre de l’Homme », sujet avec lequel on continue à nous bassiner et pas qu’en philosophie, il est là et nulle part ailleurs : dans cette unique responsabilité, dans cet unique et indéfectible engagement. Lequel inclut bien évidemment les animaux non humains car on ne voit pas très bien pourquoi une démocratie régénérée par l’écologie enfin advenue en resterait à une vue étriquée sur la question de ‘Mais Maman, c’est quoi le vivant ? ».

 

* Sur ce, oula, je crois qu’on va bien avoir besoin de se défouler, de voir et de faire soi-même du beau, et pourquoi pas d’être un petit artisan de la consommation localo-responsable ? Pour ce faire, comment passer à côté d’une occasion en or, à savoir passer une petite semaine à la montagne, à confectionner son petit plaid de quand on aura froid de retour dans la vallée ? Concept de virée originale désormais proposé par Véronique et son compagnon, dans les Bauges, donc à quelques hauteurs de Chambéry. En un clic, vous aurez plus d’informations sur le site  De Cimes en aiguilles, nom dont je ne me lasse pas de la poésie et que je jalouse bien évidemment. Autre option : rendre une petite visite à l’atelier-boutique de la Poterie de Bissy qui propose des stages et de beaux objets. Enfin, à signaler la récente ouverture d’une nouvelle boutique de créateurs, Un éléphant dans le couloir, non pas près des 4 sans cul mais au bout de la place Saint-Léger. Tout un programme !

 

Bon, donc en résumé : c’est pas ma faute à moi s’il faut attaquer fort car « ça » attaque fort, ou plutôt « ça » continue à attaquer fort et

Faut pas être dupe,

Faut manger du chocolat,

Faut manger du chocolat pour pas être dupe.

Si c’est pas une belle résolution pour 2019, ça…

 

 

 ©Yolaine de LocoBio

                                                              14 janvier 2019

 

 

 
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