A propos des risques de
« dictature verte »
En cette nouvelle année que je vous souhaite
ultra-bonne d’autant plus qu’elle sera cruciale, le moins que l’on puisse dire
est que ça attaque fort. L’actualité
politique, bien sûr, avec la désormais fameuse crise des « gilets
jaunes » et sa réponse politique hésitante, tardive, inadéquate et sans
doute vouée à l’échec : le lancement, ce jour-même, du non moins fameux
grand « débat national »
On va dire que c’est encore moi qui attaque fort, bille en
tête, mais non, désolée encore non et trois fois non. Il y aurait beaucoup à
dire, on se limitera à sourire (au mieux) d’une consultation soi-disant sans
interdit mais qui fixe au hasard un cadre n’incluant pas ce qui révolte à peu
près tout le monde : la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune),
promesse de campagne du candidat Macron, immédiatement appliquée à peine arrivé
à la présidence de notre République. Avec de telles provocations, ou au mieux
un tel aveuglement, le moins que l’on puisse dire est que c’est mal embouché. Le pire, ça c’est sûr, c’est la perte de
temps qui s’ajoute à beaucoup de temps déjà perdu. Bon, en un sens ce temps
n’est pas perdu pour tous puisque nombre de politiciens cherchent à jouer la
montre et vont bien essayer de récupérer une colère peut-être encore démultipliée
par une occasion manquée. Soit, mais le
problème est justement cette perte de temps, qui elle dessert et à qui elle
profite.
Regardons un peu les choses de l’extérieur, c’est-à-dire plaçons-nous au cœur du vrai sujet :
est-il à l’échelle française ? Non. Est-il le pouvoir d’achat ? Non.
En un sens, oui, et c’est bien pour cela qu’il y a agitation en tous sens,
c’est-à-dire récriminations et tentatives d’amusement de la galerie. Mais
fondamentalement, tout le monde est hors-sujet. Car le problème n’est plus à
l’échelle française et il réside encore moins dans l’amélioration du pouvoir
d’achat donné en échange, à une époque historique somme toute bien courte et
définitivement révolue, d’une adhésion au système libéral. Miracle du
citoyen-consommateur certes déraciné et de plus en plus obèse et décérébré,
sans plus aucun horizon encore moins spirituel, mais miracle quand même… comme
une vieille lanterne à laquelle il faudrait encore s’accrocher. Comme ce n’est
plus possible, que maintenant on a le climat fermement en travers et que les
écolos nous fatiguent avec ça, alors on commence à se poser des
questions : mais alors, quoi faire, oui quoi faire… tant qu’il est encore
temps ? Il y a ceux qui prônent les petits pas, ces initiatives citoyennes
qui agrégées, vont bien finir par limiter la consommation et donc, et donc, et
donc ben on s’en sortira. Bon, faut y croire. Bien sûr que ça joue mais pas sûr
que ça suffira, encore moins à temps. Et donc il y a des sortes d’agités qui se
mettent à en appeler à des mesures un peu plus on dira « radicales »,
à poser
des questions qui embarrassent. Par exemple celle de la démographie galopante
et du contrôle des naissances. Ou celle de la baisse de la consommation qui
reviendrait forcément à organiser la pénurie. Horreur. Il est évident que
présentée sous ce jour, on ne peut que parler (à nouveau, car ce n’est pas
nouveau) de dictature verte. Eh oui, à
nouveau l’épouvantail de la fin du capitalisme ou la mort, car il est bien
connu que capitalisme rime forcément avec respect de la vie, de toutes les vies
à la surface de notre globe encore terrestre. Si poser la question de la
relation entre écologie et libertés est fondé, il est en revanche malhonnête de
conclure à la destruction des secondes à cause de la première, en plus même pas
advenue.
Car l’enjeu, au fond,
n’est-il pas qu’une démocratie vraiment écologique, c’est-à-dire pleinement
vivante, n’advienne jamais ? Ne ferait-on pas mieux, une fois de plus,
de déplacer la focale et de s’intéresser au silence de ce qui agit dans une
ombre bien anti-démocratique et si capitalistique, elle ? Car après tout,
c’est bien joli de rejeter l’écologie au nom de la démocratie, mais l’écologie
est-elle vraiment le danger le plus sérieux qui la menace et qui nous menace
donc nous, concrètement, au quotidien ? C’est vrai, va-t-on demander des
comptes aux opérateurs que les politiques laissent installer des relais de
communication de plus en plus puissants, partout, sans aucun recul en matière
de santé publique ? Et les GAFA (géants du Web), se préoccupe-t-on
vraiment de leur intrusion dans ce qui reste de nos vies privées et de leurs
projets en matière d’humanité prétendument augmentée ? Non, rien de
sérieux n’est fait car tout cela ne concerne en apparence que la sphère
économique et le progrès, le confort, toujours eux, sont si bien vendus à un
public chaque jour de moins en moins capable d’esprit critique et de simple
articulation de mots de toutes façons oubliés. C’est bien, y’a pas à dire, c’est bien :
chacun va désormais rêver de son assistant domestique doté d’un prénom familier
et puis on fusionnera avec des machines ou des animaux non-humains, on s’en
moque un peu à vrai dire car à vrai dire on fusionnera avec ce qui passera,
pouf !, comme ça, un peu par magie, le moment venu.
Le rêve. Le rêve, ce sera surtout de ne plus avoir à se poser
sans doute ni la question de l’écologie ni celle de la démocratie. Sérieux, en
ce moment, y’en a dans certaines sphères, bien retranchés dans leurs labos et
bientôt leurs îles/planètes, qui doivent bien rigoler.
Rigoler de hochets pathétiques comme le grand débat national.
Rigoler de tous ces appels à défendre le vivant.
Rigoler de quoi ? Vous dites quoi ? La quoi ?
Démocratie ? Démocratie ?! Connais pas, moi. Car moi être géant
immatériel bien matérialiste et moi être très content de tous ces
éparpillements, surtout quand faire régner l’ordre est une rigolade déléguée
aux fascistes allant croissant.
Bref, en un mot, c’est sûr, ce qui nous menace le plus, c’est
l’écologie et son vrai visage : la dictature verte. C’est bien mieux de
continuer à consommer et à revendiquer chacun de son côté un peu de visibilité
pour avoir des droits. C’est cool comme cadre de réflexion et d’action. C’est
cool mais c’est totalement à côté de la plaque car il n’est plus temps côté
climat. Surtout, il est temps que les
ennemis (pas d’autre mot) et de l’écologie et de la démocratie soient
neutralisés, c’est-à-dire interrogés sur leurs propres valeurs et régulés par
un pouvoir politique démocratique. Car si on marche sur la tête, c’est bien
parce que eux mènent le monde à leur guise, en plus dans le mur. Intuitivement,
on le sait tous mais ceux qui peuvent ne font rien et ceux qui ne peuvent pas…
ben ne peuvent pas.
Du courage, il va donc en falloir, c’est sûr, pour voir les
choses en face, déboulonner ou limiter la nuisance des pas francs du collier et
reprendre le contrôle de la machine politique pour préserver le vivant. Après tout, s’il existe un « propre de l’Homme », sujet avec
lequel on continue à nous bassiner et pas qu’en philosophie, il est là et nulle
part ailleurs : dans cette unique
responsabilité, dans cet unique et indéfectible engagement. Lequel inclut
bien évidemment les animaux non humains car on ne voit pas très bien pourquoi une démocratie régénérée par
l’écologie enfin advenue en resterait à une vue étriquée sur la question de
‘Mais Maman, c’est quoi le vivant ? ».
* Sur ce, oula, je crois qu’on va bien avoir besoin de se
défouler, de voir et de faire soi-même du beau, et pourquoi pas d’être un petit
artisan de la consommation localo-responsable ? Pour ce faire, comment
passer à côté d’une occasion en or, à savoir passer une petite semaine à la
montagne, à confectionner son petit plaid de quand on aura froid de retour dans
la vallée ? Concept de virée originale désormais proposé par Véronique et
son compagnon, dans les Bauges, donc à quelques hauteurs de Chambéry. En un
clic, vous aurez plus d’informations sur le site De Cimes en aiguilles, nom dont je ne
me lasse pas de la poésie et que je jalouse bien évidemment. Autre
option : rendre une petite visite à l’atelier-boutique de la Poterie de
Bissy qui propose des stages et de beaux objets. Enfin, à signaler la
récente ouverture d’une nouvelle boutique de créateurs, Un éléphant dans le
couloir, non pas près des 4 sans cul mais au bout de la place Saint-Léger.
Tout un programme !
Bon, donc en résumé : c’est pas ma faute à moi s’il faut
attaquer fort car « ça » attaque fort, ou plutôt « ça »
continue à attaquer fort et
Faut pas être dupe,
Faut manger du chocolat,
Faut manger du chocolat pour pas être dupe.
Si c’est pas une belle résolution pour 2019, ça…
©Yolaine
de LocoBio
14 janvier 2019
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