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Cogitations et actions
Chronique 85
12-01-2017

En vrac…

 

  

… je vous souhaite une heureuse année 2017. Espérons juste ne pas en récolter que des cacahouètes (même si je reconnais à ces arachides, au sens propre, de vives qualités).

Alors, par quoi commencer justement ?

Par de petites râleries, histoire de ne pas perdre la main, enfin l’esprit « poil à gratter » car, malheureusement, il y a matière à gratter. La pollution d’abord, avec ses pics qui n’en sont presque plus tant on s’installe gentiment dans de la sombre et asphyxiante continuité. Bon, on peut toujours se rassurer, chercher toujours à se rassurer en se disant qu’on n’est pas à Pékin. Sûr, vu ainsi, il y a de quoi se rassurer. On n’en est pas encore aux restaurants qui, là-bas, s’équipent en purificateurs d’air pour continuer à attirer la clientèle même si ces appareils, de l’aveu même de certains restaurateurs, ne servent pas à grand chose. Les livraisons, elles, sont boostées. Pourquoi ? Parce que chacun reste confiné chez soi pour éviter, éviter… éviter de sortir. C’est d’ailleurs ce que recommandent les autorités en cas de pic, donc de plus en plus souvent. Eh oui, c’est ça le progrès, c’est ça la ligne d’horizon toute tracée : c’est de rester confiné chez soi, de ne surtout plus sortir les enfants. Et que personne ne bougne, ne s’avise de faire quoi ? Du sport en plein air ? Mais vous êtes fou ou quoi ?

 

Heureusement la vignette arrive bientôt, afin d’éviter la circulation alternée. La solution est bien là, c’est certain, dans une discrimination rendue visible (car en plus, il faut la payer) entre les véhicules les plus polluants et les moins polluants. Comme si les détenteurs des premiers le faisaient exprès, adoraient polluer. Et que ceux qui ont le plus de moyens étaient écolos dans l’âme. On marche sur la tête. On ne peut que souhaiter que ce dispositif n’erre pas seul dans un dédale de non-action sur le fond du dossier « Pollution » et n’augmente pas davantage les injustices dans notre pays. Alors, à quand un gouvernement qui dirait clairement que l’industrie de l’automobile comme hier, pourvoyeuse de nombreux emplois quitte à ce qu’elle pollue, c’est fini ? A quand un gouvernement courageux qui dessine un vrai projet de société alternatif ? Cela fait quoi… plus de 40 ans que l’on attend maintenant, il faudrait peut-être se bouger.

 

Et pour se bouger, il y en a qui se bougent. Encore des images terrifiantes et si vraies sur les élevages de visons, dues cette fois-ci à One Voice et non pas L214 comme souvent ces derniers temps. Je suis personnellement effarée de voir la floraison de frimousses de tous âges et de tous sexes, aucun complexe, aucune inhibition, pas la moindre once de conscience et encore moins d’esprit de responsabilité, qui déambulent dans les rues avec des blousons à capuche de fourrure. C’est la mode, chut, surtout pas de critique. C’est surtout un beau coup de marketing, une fois de plus. Et cet hiver, aussi, qui n’a pas son bonnet à pompon… en lapin ou autre bestiole littéralement torturée de A à Z ? C’est hallucinant, c’est vulgaire au sens premier du terme, mais ça marche. Le pire, comme toujours, c’est que ça marche. On aurait pu penser que non, qu’après tant de campagnes de sensibilisation, que dans notre pays « avancé », non une telle vague ne serait plus possible. Et non, dans cette matière comme dans d’autres, dans cette matière plus que dans d’autres, rien n’est acquis. Alors tout repose  une nouvelle fois sur le fait de voir, savoir, faire savoir, soutenir ceux qui font ce travail d’information face au silence de l’invisible et de l’innommable. Et évidemment s’abstenir de ressembler à tout le monde, quitte à se tricoter un bonnet soi-même –c’est pas si difficile- ou d’en chiner un. Emmaüs, vous connaissez ? Et les coups de gueule du bon vieil abbé, est-ce que ça nous parle encore ? Tiens, ça me fait penser : vite courir voir La Sociale, du documentariste Gilles Perret (en plus, il est d’ici), sur notre chère Sécu. Histoire de se souvenir des grandes luttes, des grands moments, des grandes luttes qui font les bons moments et qui accouchent d’un système unique, plus performant que ce qu’en dit le discours mou ambiant.

 

D’autres qui se bougent sinon, ce sont les journalistes de Que choisir ? Ce mois-ci, toujours dans leur optique d’information du consommateur, ils se penchent sur tous ces médicaments, tant de médicaments contre les maux de saison type rhume qui ne servent purement et simplement à rien. Pire, certains sont même carrément contre-productifs. Là encore, la clef est non pas de s’en remettre à d’autres mais de se prendre un minimum en main par des précautions hygiéniques d’usage, de bon sens. Cela ne coûte non plus pas grand-chose, après vérification de non-allergie, d’avoir sa petite huile essentielle de ravinstsara, de boire ses petites épices indiennes et d’alléger son alimentation car on le sait, le système immunitaire apprécie le non-gras. Les librairies regorgent, elles, de bouquins sur le sujet, pas chers, alors autant mettre à profit la canonique période des soldes pour s’équiper dans le domaine. Et plus généralement dans toute la littérature du Do It Yourself. Au passage, un certain souci écologique est à saluer dans ce mensuel, comme en attestent deux autres articles, l’un sur les nettoyants multi-usages et leurs alternatives (bicarbonate et cristaux de soude), l’autre sur les salades en sachet dont on sait par définition (sachet !!!) qu’elles ne sont pas la panacée. Mais ok, pas grand-chose n’est la panacée pour l’instant, si tenté que la panacée existe, alors autant faire le meilleur choix et plus globalement œuvrer à faire évoluer le cadre des exigences. Cela a toujours été la ligne de LocoBio, et on ne voit pas très bien pourquoi cela changerait. D’abord parce que la modération est notre caractéristique première, face à un monde tout plein modéré, si si. Ensuite parce qu’en attendant la révolution, si tenté qu’il y ait nouvelle révolution et on sait qu’il faut parfois s’en méfier, c’est sans doute la moins mauvaise ligne.

 

Et d’ailleurs je ne saurais que trop recommander, si pas déjà fait, de se procurer la version papier ou de mirer sur le site de Chambéry Métropole l’édition 2017 de « Goûtez aux saveurs d’ici », le guide des producteurs locaux et de la vente directe.  C’est une belle chose que cette initiative, soufflée par LocoBio en son temps, soit pérennisée. Même remarque pour la Gliss’gourmande qui se déroulera aux Aillons-Margériaz le dimanche 29 janvier prochain. Le concept, original, sera décliné pour la 8ème fois déjà. Où il s’agit de vaguement glisser mais surtout de découvrir foule de produits locaux, pas forcément bio (dommage, mais bon…) type fromages, pains, chocolats, plantes aromatiques, vins et même poteries. Un bon prétexte pour profiter de la montagne enfin enneigée.

 

Pour finir, pas en vrac ni en rang, mais bien dans l’axe quand même, celui du vrai changement, je vous recommande trois lectures. D’abord celle de Noël Mamère qui, dans Les mots verts. Pour une écologie du langage, livre une série de réflexions grâce à des entretiens recueillis par la linguiste Stéphanie Bonnefille (Editions de l’Aube, 2016). Bon, ce n’est pas une découverte : le langage structure le monde. Donc un vrai changement passe par un nouveau langage, c’est-à-dire cesser les euphémisations, les dénis et affronter le réel. C’est pas gagné. Surtout quand on voit les écologistes en ordre dispersé dans un jeu politique qui l’est déjà assez, dans un monde qui l’est pas mal aussi. Ok, c’est nécessaire de poser la priorité des mots, de la rappeler, mais à quand un/e leader et un vrai projet de société autre, bien bâti et, il faut le dire, bien vendu aux citoyens ? L’analyse est intéressante. On a juste envie de dire : Go !

 

Je recommande aussi La lettre au dernier grand pingouin du journaliste au Canard enchaîné Jean-Luc Porquet (chez Verticales). Pas gai gai le sujet et la perspective de la « 6ème extinction » qui renvoie à loin, déjà loin, trop loin, juste en 1844, la disparition de cet oiseau incapable de voler et donc proie facile, si facile. Où il est question de biodiversité, ne devenons pas blasés de ce mot, ne surtout pas n’y voir qu’un mot. Idem sur le chapitre de la sensibilité dite animale, dont la reconnaissance progresse certes, mais trop lentement. Là, il faut d’urgence s’imprégner des travaux et conclusions du célèbre biologiste et primatologue Frans de Waal. Dans Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ?, il pose LA question. Car arrêter de voir/mettre des frontières là où elles ne sont pas nous permettrait enfin, à nous humains, d’être pleinement nous-mêmes et surtout d’essayer de donner le meilleur de nous-mêmes. On apprend que non, nous ne sommes pas les seuls à fabriquer des outils, à classer en catégories, à avoir une mémoire phénoménale.  Ah bon ? Tiens donc. Sans blague.

 

Et non, le monde n’est pas comme nous le croyons. Et d’abord, à quoi cela sert-il de croire ? Il suffit juste de regarder. C’est sous nos yeux. Alors autant les utiliser. A ce propos, une dernière recommandation : voir en « replay » le documentaire sidérant « Un grand pas pour l’évolution » consacré à la vue et à la sophistication de l’œil. Où on remonte à loin, très loin, ça fait du bien, on touche au fond, on atterri enfin… au fond des océans. Où on apprend, quelle surprise tiens tiens, que notre œil, oui notre œil à nous humains, provient d’un ancêtre commun à d’autres espèces, une méduse, tu vois le truc ? Et qu’en plus ce serait la migration d’un gêne d’une algue –non là, c’est impossible, ça devient intenable, on touche le fond !- vers l’ADN de la méduse en question qui aurait conduit à notre œil à nous.

 

Eh oui, pas facile facile de revenir sur tant de préjugés qui arrangent l’ordre établi, bien endormi. Allez, en 2017, on se réveille, et si on quittait un peu la chaleur de sa petite couette ?

 

 

©Yolaine de LocoBio

12 janvier 2017

 

 

 

 
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