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Chronique 61
13-03-2013

Finalement, je mettrais bien un peu de corail dans mes lasagnes

 

  

Il a comme on dit une « belle gueule », il passe bien à la télé, il est vif ; autant dire qu'il a tout, au départ, pour qu'on lui rentre dedans. Et cela ne manque déjà pas car le « Il » en question, c'est Aymeric Caron, journaliste et ancien grand reporter. Et ce « Il » vient de sortir un livre terrible, heureusement teinté d'humour mais malheureusement édifiant sur l'industrie de la viande, je veux dire la viande devenue industrie : http://www.fayard.fr/livre/fayard-380271-No-steak-hachette.html. Car, comme le rappelle judicieusement cet auteur par ailleurs végétarien et ardent défenseur de la « cause animale » (encore de quoi lui rentrer allègrement dans le lard pour ceux qui n'auraient que cela à faire au lieu de discuter sur le fond de ces horribles choses bien cachées), nous n'avons pas toujours eu un régime à ce point carné. C'est même l'exception qui confirme la règle puisque cette boucherie organisée ne date que de l'après-guerre, sous-tendue par l'idée philosophiquement farfelue selon laquelle plus on mange de viande plus on montre que l'on peut manger de la viande... donc on est riche et le toutim des signes extérieurs de pseudo-richesse en régime démocratique de consommation de masse où il faut avoir à droit à tout, surtout manger de la bidoche. « Droit à tout », « et surtout, MA bidoche »... faut-il être tombés bien bas. 

 

Combien d'animaux sont-ils abattus par jour en France ? Le savez-vous ? C'est effarant !: 3 millions. Or combien sommes-nous d'habitants ? Moins de 66 millions. Donc sont abattus pour des raisons de non-nécessité et dans des conditions indignes l'équivalent de la population française en seulement... 22 jours. A force, les mots manquent ; seule visualiser le carnage peut parler. Et dans le monde ? Nous sommes actuellement moins de 6 milliards et on sait la tendance à la hausse, donc préoccupante. Surtout si l'on songe, enfin plutôt l'on sait grâce aux nombreuses informations réunies par Aymeric Caron, que ce sont... 60 milliards d'animaux qui sont abattus par an, donc 5 milliards par mois... donc presque l'équivalent de la population humaine mondiale. Oui, oui, vous avez bien lu : on abat chaque mois environ autant d'animaux que nous sommes, nous troupeau dominant assez dégénéré, à la surface terrestre.


Voilà pour les chiffres. Et comme les pays émergents rêvent de consommer comme nous, ils suivent le troupeau en question et... bouffent de la viande. Donc l'horizon n'est pas vraiment dégagé de ce côté-là non plus. Tout cela n'est tenable ni en termes d'éthique animale ni, tout « bêtement », pour des raisons d'espace. Tout confondu, le régime carné implique en effet de déjà occuper les ¾ des terres agricoles. Donc quoi ? On va faire des fermes-buildings (faudra pas se planter d'étage et sortir au mauvais!), on va coloniser des planètes pour ici envoyer nos détritus et là-bas développer un peu plus les camps de concentration animaliers ? Plouf plouf ce sera toi qui sera envoyé en premier sur Pluton ou plutôt non sur Vénus, oh non quand même pas Vénus, pour construire ces camps, c'est con non ? Tout est possible et il ne faut pas douter que les plans les plus rentables, c'est-à-dire les plus déraisonnables et bien peu inspirés sur le fond (encore lui), sont d'ores et déjà dans les cartons d'entreprises en capacité, au hasard, d'exercer un puissant lobbying.


Un autre aspect inquiétant réside bien évidemment dans la qualité de ce que nous mangeons. Depuis plus de 20 ans, les scandales sanitaires se suivent et rien n'est véritablement fait, dans les dites hautes sphères, pour changer de paradigme. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, LocoBio en témoigne assez au plan conceptuel (le local et le bio). Et il faudrait un peu plus de courage politique pour, certes, imposer plus de contrôles au niveau européen, mais dans le même temps ne pas réautoriser les farines animales. Que la mémoire semble étrangement courte... comme les idées et le courage, aussi faible que l'imagination d'alternatives pourtant simples à mettre en œuvre, dans l'intérêt général. Oups... j'ai peut-être prononcé un gros mot, enfin juste réveillé le cadavre dans le placard.


Bon, donc si les responsables sont mous du jarret (eh oui, la langue elle aussi participe de et à notre aliénation), que faire ? C'est simple, là encore : dire « Stop ! », ne plus cautionner un système qui désanimalise les animaux, donc qui déshumanise notre propre espèce. Nous ne sommes plus nous, c'est tout. Nous avons fait fausse route. Nous le savons désormais. Alors agissons ! Comment ? Il ne faut pas croire : les voies sont multiples. On peut déjà choisir de ne plus manger de viande (pensez donc à ce que vous ingérez et le haut le cœur vous viendra instantanément si vous avez un minimum de conscience, laquelle conscience définit parait-il l'être humain). Toutefois, il n'y a pas que la viande et que l'alimentation : nombre de cosmétiques ou de papiers peints sont aimablement « testés dermatologiquement », c'est-à-dire sur les animaux, avant commercialisation. Disons que renoncer à consommer de la viande est une clef d'entrer pour changer de vie lorsque l'on a compris. Et il vaut parfois mieux aller lentement, par exemple non pas arrêter mais diminuer, voire poursuivre sur sa lancée mais alors se rapprocher de producteurs locaux responsables... tant qu'il y en a encore. Alors encourager leur démarche en leur achetant à eux, c'est mieux.


Pour devenir végétarien, je conseille d'abord de consulter la brochure fort bien faite du réseau Biocoop, sur les substituts végétaux à la viande : http://www.biocoop.fr/publications/les-proteines-vegetales. Vous y trouverez aussi des idées peu onéreuses de recettes pour déguster et partager des mets aussi gouteux et nourrissants que : taboulé de quinoa, crudités et noisettes grillées ; milk-shake au lait de riz et aux fruits ; couscous végétarien ou encore poëllée de brocolis au tofu.


Autres pistes de délices accessibles dans :

150 recettes bio et équilibrées à 5 euros(http://www.laplage.fr/ecologie/Cuisine-Bio/Manger-moins-de-viande_0004_69_.html) ou http://boutique.terrevivante.org/librairie/livres/114/alimentation/conseils-d-expert/458-manger-sain-pour-trois-fois-rien.htm. Pour se faire davantage plaisir, le beau livre « L'option végétarienne » par Simon Hopkinson (2010) sur http://www.editionsdelamartiniere.fr.


Une fois rassasiés, n'oubliez pas de continuer à vous documenter encore et toujours. Outre le bouquin d'Aymeric Caron, je recommande vivement le récent dossier spécial « Malbouffe » de l'hebdo Politis (http://www.politis.fr/Contre-la-malbouffe-manger-local,21050.html). Parce que tout est culturel, donc éducatif, un livre s'impose pour les petits et les grands afin d'apprendre à respecter les animaux : http://www.actes-sud-junior.fr/9782330015008-l-florence-pinaud-anne-lise-combeaud-respecter-les-animaux-a-petits-pas.htm. Enfin, si vous n'êtes pas trop sûrs de vous, si on vous balance assez facilement que vous êtes minoritaires, urbains, pénibles, voire frustrés alors que les autres semblent si épanouis... achetez vite un beau petit livre (enfin... petit... au format A4 et très richement illustré en couleurs) : « L'écologie en 600 dates ». Je vous assure, cela remonte le moral, si besoin, cela renforce face à l'écrasante et débile norme dominante, besoin certain. En effet, on a le sentiment en parcourant ces quelques 83 pages imprimées proprement, de découvrir et de rallier sa famille. On recolle les morceaux, tout devient une évidence et l'on remet bien des luttes -à commencer par les nôtres- en perspective. Je vous assure : cela fait du bien. De plus, en achetant cet ouvrage, vous soutiendrez deux media alternatifs : la revue Silence (http://www.revuesilence.net) et les éditions Le passager clandestin (http://www.lepassagerclandestin.fr). De quoi les aider, eux aussi, à manger correctement et donc à continuer leur travail... de fond.


Enfin, pour agir dans le coin, tous ensemble, je mentionne une heureuse initiative : un concours de soupe végétarienne dans le quartier Bellevue, à Chambéry, le 15 mars (http://www.megaminiere.asso-web.com). Soutenir la jeune association qui se débat pour empêcher la réquisition débile (une fois de plus) et en tout cas prématurée des jardins de la Cassine, est aussi poser un acte concret, très nourricier quant aux valeurs que l'on ne peut plus, de façon sensée et sensible, ne plus porter en soi : Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir . Ils ont besoin de nous ; mais il ne faut pas croire : nous avons besoin d'eux car eux, c'est nous. C'est comme avec les « animaux » : à bas les barrières artificielles. Allons à l'essentiel et utilisons nos énergies pour ce qui le mérite, par exemple confectionner de bonnes lasagnes aux épinards et aux lentilles corail. Essayez, vous m'en direz des nouvelles.



©Yolaine de LocoBio

12 mars 2013

 
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