Finalement,
je mettrais bien un peu de corail dans mes lasagnes
Il a comme on
dit une « belle gueule »,
il passe bien à la télé, il est vif ; autant dire qu'il a
tout, au départ, pour qu'on lui rentre dedans. Et cela ne manque
déjà pas car le « Il » en question, c'est Aymeric
Caron, journaliste et ancien grand reporter. Et ce « Il »
vient de sortir un livre terrible,
heureusement teinté d'humour mais malheureusement édifiant sur
l'industrie de la viande, je veux
dire la viande devenue industrie :
http://www.fayard.fr/livre/fayard-380271-No-steak-hachette.html.
Car, comme le rappelle judicieusement cet auteur par ailleurs
végétarien et ardent défenseur de la « cause animale »
(encore de quoi lui rentrer allègrement dans le lard pour ceux qui
n'auraient que cela à faire au lieu de discuter sur le fond de ces
horribles choses bien cachées), nous n'avons pas toujours eu un
régime à ce point carné. C'est même l'exception qui confirme la
règle puisque cette boucherie organisée ne date que de
l'après-guerre, sous-tendue par l'idée philosophiquement farfelue
selon laquelle plus on mange de viande plus on montre que l'on peut
manger de la viande... donc on est riche et le toutim des signes
extérieurs de pseudo-richesse en régime démocratique de
consommation de masse où il faut avoir à droit à tout, surtout
manger de la bidoche. « Droit à tout », « et
surtout, MA bidoche »... faut-il être tombés bien bas.
Combien
d'animaux sont-ils abattus par jour en France ? Le savez-vous ?
C'est effarant !: 3 millions. Or combien sommes-nous
d'habitants ? Moins de 66 millions. Donc sont abattus pour des
raisons de non-nécessité et dans des conditions indignes
l'équivalent de la population française en seulement... 22 jours. A
force, les mots manquent ; seule visualiser le carnage peut
parler. Et dans le monde ? Nous sommes actuellement moins de 6
milliards et on sait la tendance à la hausse, donc préoccupante.
Surtout si l'on songe, enfin plutôt l'on sait grâce aux nombreuses
informations réunies par Aymeric Caron, que ce sont... 60 milliards
d'animaux qui sont abattus par an, donc 5 milliards par mois... donc
presque l'équivalent de la population humaine mondiale. Oui, oui,
vous avez bien lu : on abat chaque mois environ autant d'animaux
que nous sommes, nous troupeau dominant assez dégénéré, à la
surface terrestre.
Voilà pour les
chiffres. Et comme les pays émergents rêvent de consommer comme
nous, ils suivent le troupeau en question et... bouffent de la
viande. Donc l'horizon n'est pas vraiment dégagé de ce côté-là
non plus. Tout cela n'est tenable ni en termes d'éthique animale
ni, tout « bêtement », pour des raisons d'espace.
Tout confondu, le régime carné implique en effet de déjà occuper
les ¾ des terres agricoles. Donc quoi ? On va faire des
fermes-buildings (faudra pas se planter d'étage et sortir au
mauvais!), on va coloniser des planètes pour ici envoyer nos
détritus et là-bas développer un peu plus les camps de
concentration animaliers ? Plouf plouf ce sera toi qui sera
envoyé en premier sur Pluton ou plutôt non sur Vénus, oh non quand
même pas Vénus, pour construire ces camps, c'est con non ?
Tout est possible et il ne faut pas douter que les plans les plus
rentables, c'est-à-dire les plus déraisonnables et bien peu
inspirés sur le fond (encore lui), sont d'ores et déjà dans les
cartons d'entreprises en capacité, au hasard, d'exercer un puissant
lobbying.
Un autre
aspect inquiétant réside bien évidemment dans la qualité de ce
que nous mangeons. Depuis plus de 20 ans, les scandales
sanitaires se suivent et rien n'est véritablement fait, dans les
dites hautes sphères, pour changer de paradigme. Car c'est
bien de cela qu'il s'agit, LocoBio en témoigne assez au plan
conceptuel (le local et le bio). Et il faudrait un peu plus de
courage politique pour, certes, imposer plus de contrôles au niveau
européen, mais dans le même temps ne pas réautoriser les farines
animales. Que la mémoire semble étrangement courte... comme les
idées et le courage, aussi faible que l'imagination d'alternatives
pourtant simples à mettre en œuvre, dans l'intérêt général.
Oups... j'ai peut-être prononcé un gros mot, enfin juste réveillé
le cadavre dans le placard.
Bon, donc si les
responsables sont mous du jarret (eh oui, la langue elle aussi
participe de et à notre aliénation), que faire ? C'est simple,
là encore : dire « Stop ! », ne plus
cautionner un système qui désanimalise les animaux, donc qui
déshumanise notre propre espèce. Nous ne sommes plus nous,
c'est tout. Nous avons fait fausse route. Nous le savons désormais.
Alors agissons ! Comment ? Il ne faut pas croire : les
voies sont multiples. On peut déjà choisir de ne plus manger de
viande (pensez donc à ce que vous ingérez et le haut le cœur
vous viendra instantanément si vous avez un minimum de conscience,
laquelle conscience définit parait-il l'être humain). Toutefois, il
n'y a pas que la viande et que l'alimentation : nombre de
cosmétiques ou de papiers peints sont aimablement
« testés dermatologiquement », c'est-à-dire sur
les animaux, avant commercialisation. Disons que renoncer à
consommer de la viande est une clef d'entrer pour changer de vie
lorsque l'on a compris. Et il vaut parfois mieux aller lentement, par
exemple non pas arrêter mais diminuer, voire poursuivre sur sa
lancée mais alors se rapprocher de producteurs locaux
responsables... tant qu'il y en a encore. Alors encourager leur
démarche en leur achetant à eux, c'est mieux.
Pour devenir
végétarien, je conseille d'abord de consulter la brochure fort bien
faite du réseau Biocoop, sur les
substituts végétaux à la viande :
http://www.biocoop.fr/publications/les-proteines-vegetales.
Vous y trouverez aussi des idées peu onéreuses de recettes pour
déguster et partager des mets aussi gouteux et nourrissants que :
taboulé de quinoa, crudités et noisettes grillées ;
milk-shake au lait de riz et aux fruits ; couscous végétarien
ou encore poëllée de brocolis au tofu.
Autres pistes
de délices accessibles dans :
150 recettes bio
et équilibrées à 5
euros(http://www.laplage.fr/ecologie/Cuisine-Bio/Manger-moins-de-viande_0004_69_.html)
ou
http://boutique.terrevivante.org/librairie/livres/114/alimentation/conseils-d-expert/458-manger-sain-pour-trois-fois-rien.htm.
Pour se faire davantage plaisir, le beau livre « L'option
végétarienne » par Simon Hopkinson (2010) sur
http://www.editionsdelamartiniere.fr.
Une fois
rassasiés, n'oubliez pas de continuer à vous documenter encore et
toujours. Outre le bouquin d'Aymeric
Caron, je recommande vivement le récent dossier spécial
« Malbouffe » de l'hebdo
Politis
(http://www.politis.fr/Contre-la-malbouffe-manger-local,21050.html).
Parce que tout est culturel, donc éducatif, un livre s'impose pour
les petits et les grands afin d'apprendre à respecter les animaux :
http://www.actes-sud-junior.fr/9782330015008-l-florence-pinaud-anne-lise-combeaud-respecter-les-animaux-a-petits-pas.htm.
Enfin, si vous n'êtes pas trop sûrs de vous, si on vous balance
assez facilement que vous êtes minoritaires, urbains, pénibles,
voire frustrés alors que les autres semblent si épanouis... achetez
vite un beau petit livre (enfin... petit... au format A4 et très
richement illustré en couleurs) : « L'écologie
en 600 dates ». Je vous
assure, cela remonte le moral, si besoin, cela renforce face à
l'écrasante et débile norme dominante, besoin certain. En effet, on
a le sentiment en parcourant ces quelques 83 pages imprimées
proprement, de découvrir et de rallier sa famille. On recolle les
morceaux, tout devient une évidence et l'on remet bien des luttes -à
commencer par les nôtres- en perspective. Je vous assure : cela
fait du bien. De plus, en achetant cet ouvrage, vous soutiendrez deux
media alternatifs : la revue
Silence
(http://www.revuesilence.net)
et les éditions Le passager
clandestin (http://www.lepassagerclandestin.fr).
De quoi les aider, eux aussi, à manger correctement et donc à
continuer leur travail... de fond.
Enfin, pour
agir dans le coin, tous ensemble, je mentionne une heureuse
initiative : un concours de soupe végétarienne
dans le quartier Bellevue, à Chambéry, le 15 mars
(http://www.megaminiere.asso-web.com).
Soutenir la jeune association qui se
débat pour empêcher la réquisition débile (une fois de plus) et
en tout cas prématurée des jardins de la Cassine, est aussi poser
un acte concret, très nourricier
quant aux valeurs que l'on ne peut plus, de façon sensée et
sensible, ne plus porter en soi :
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Ils ont besoin de nous ; mais il ne faut pas croire : nous
avons besoin d'eux car eux, c'est nous. C'est comme avec les
« animaux » : à bas les barrières artificielles.
Allons à l'essentiel et utilisons nos énergies pour ce qui le
mérite, par exemple confectionner de bonnes lasagnes aux épinards
et aux lentilles corail. Essayez, vous m'en direz des nouvelles.
©Yolaine
de LocoBio
12
mars 2013
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