Le
monde de demain serait-il déjà là ?
Une
chose est certaine, c'est que ce monde meilleur, oui, n'ayons pas
peur des mots et ne cédons pas à l'hyper-relativisme ambiant,
certains participent activement à l'imaginer et à le faire advenir.
Je pense notamment, et cette chronique lui est dédiée, au regretté
Gilles Boisvert, disparu récemment et prématurément suite à
un accident de la circulation qui tient encore de l'hallucination
dans de nombreux esprits. Il est bien difficile, en quelques lignes,
de rendre hommage à une personnalité si riche et chaleureuse tout
en ayant des idées bien arrêtées et l'autorité pour les défendre,
notamment auprès d'élus parfois longs à la détente.
Que
dire de ce brun d'origine québécoise dont l'accent exotique et
résolu résonne et résonnera encore longtemps dans nos têtes ?
En quelques mots, qu'il fut l'inventeur de l'un de ces nouveaux
métiers précieux pour changer concrètement le monde, à savoir
conseiller en transports alternatifs. Fort de ses convictions et d'un
incroyable dynamisme, il exerça logiquement des responsabilités qui
ont contribué en peu d'années à modifier le paysage des transports
doux dans le bassin chambérien. Il fut ainsi directeur de la
Vélostation et dirigeait, au moment de son décès, l'agence
Ecomobilité, laquelle œuvre aux côtés de partenaires dont
l'agglomération aux plans de déplacements scolaires, entreprises ou
à des services d'information aux usagers comme Mobil'Conseils
afin de se déplacer sans voiture. Nos pensées vont à sa famille et
à ses collègues, en espérant que les décideurs resteront plus que
jamais sensibles à la nécessité de lever le pied sur les
transports motorisés tant individuels que collectifs... ce qui
semble assez peu le cas au vu du trafic sur la Voie Rapide Urbaine
(VRU) et de la sous-exploitation - difficile, donc, de parler de
développement- du transport par le rail des marchandises. Et
oui, développer les alternatives en interne est une belle chose ;
on peut à juste titre s'en gargariser. Reste à regarder à d'autres
échelles et, là, surgissent bien des questions et demeurent bien
des inquiétudes dans la région.
Pour
devenir acteur de ce drôle de monde propre à toutes les
transitions, il faut s'informer, se documenter, réfléchir, échanger
sans esquiver. Et là, je dois dire que le niveau de réflexions de
plus en plus nombreuses est élevé, ce qui prouve bien que
l'économie alternative n'est pas une lubie marginale... donc,
évidemment, à vite laisser de côté. Pour s'en convaincre, on
peut se référer au court mais synthétique ouvrage Démondialiser ?
de Louis Weber, aux Editions du Croquant
(http://atheles.org/editionsducroquant). Ce livre fait le point sur
un débat peut-être trop et mal médiatisé lors des primaires
socialistes et ensuite de la campagne présidentielle. Chacun a en
effet intérêt à ne pas le voir confisqué, donc potentiellement
disqualifié, par une politisation excessive qui détournerait des
vrais objectifs, à savoir disposer
d'un fonctionnement économique réellement performant du point de
vue humain. Si des
questions demeurent, des points d'accord et des pistes d'action
apparaissent nettement comme l'extension souhaitable de la
mondialisation, au contraire, dans des domaines comme la lutte contre
le réchauffement climatique, la gestion des ressources rares et la
taxation des transactions financières. Redonner une place à la
souveraineté populaire est un autre chantier, au même titre que
relocaliser les systèmes
productifs tout en réduisant les flux de capitaux et de
marchandises. Dans une
logique similaire d'explication des défis collectifs, les mêmes
éditions proposent L'enjeu de la cotisation sociale
par la sociologue Christine Jakse. Ou l'on s'aperçoit en le lisant
que très technique, ce sujet est également très politique car il
touche à la question du travail, du partage de la valeur ajoutée
et... de l'équité dans nos sociétés modernes, mais aussi
appauvries et largement délitées.
Beaucoup
de manifestations
qui se dérouleront à Grenoble (y aller en train, comme Elena Varécy
qui écrivit un texte sur ce voyage juste à côté :
http://depasserlesbornes.fr/dplb/la-grande-ville/) peuvent aussi
éclairer votre frontale de bâtisseur. Dans la métropole
dauphinoise, les initiatives
d'éducation populaire
fourmillent et, là encore, on ne peut qu'être frappé par le niveau
élevé des propositions ; le tout restant gratuit ou de
participation modique. Un jeudi par mois, et pour la 2ème année
consécutive, la MNEI
(Maison de la Nature et de l'Environnement de l'Isère) met ainsi en
place des ateliers
de réflexion sur des sujets d'actualité,
assez polémiques, comme : « Pour un green deal ? »
(janvier 2013) ou « Malthus avait-il raison ? »
(mars 2013) ou bien « Obsolescence programmée, mythe ou
réalité ? » (avril 2013). Le programme complet est sur
http://www.mnei.fr/index.php/nos-activites/debats-dd.
Toujours dans le même esprit d'ouverture à un large public, à
noter, cette fois-ci à Lyon le samedi 17 novembre 2012, les
Conversations
avec Michel Serres autour de la nécessité d'un nouveau contrat
naturel.
Pour le déroulé de la journée, consulter
http://entretiensdelacite.docforum-lyon.com
et pour le livre de Michel Serres, paru dès les années 90 (que de
retard avons-nous pris !...), se reporter à
http://entretiensdelacite.docforum-lyon.com/2012/09/14/le-contrat-naturel-1990.
N'oublions pas, tout de même, que Chambéry n'est pas en reste en
matière de bonne vulgarisation; cela grâce à l'Association
du Quartier Centre Ville
où aura, par exemple, lieu en novembre une conférence sur les
monnaies locales complémentaires
(http://aqcv.typepad.com/blog/education-populaire-présentation.html).
Plus
pointu et dans une optique de formation destinée aux dirigeants,
afin de les aider à passer en mode opératoire, il faut également
mentionner le lancement
en janvier 2013 du « Cycle Rhônalpin d'Etudes Avancées en
Développement Durable »
(http://www.creadd.org). C'est rien moins que l'Ecole Nationale
Supérieure qui lance cette formation innovante, en
partenariat avec le réseau des Collèges des hautes études du
développement durable (CHEDD), le pôle de recherche en
environnement et développement durable Envirhônalp et l'Association
des décideurs du développement durable de Rhône-Alpes (Club 3D).
Attention ! Deux réunions d'information vont bientôt avoir
lieu : le 25 octobre à Lyon et le 8 novembre à Grenoble.
Bon,
après tout ça, je pense qu'il sera temps d'aller faire les courses
et de tenir compte au mieux de tous les enseignements récoltés.
Pensez alors à privilégier les produits bio et locaux, repérables
grâce au logo « Charte Bio Rhône-Alpes » lancée
voici maintenant deux ans par l'Organics Cluster
(http://www.organics-cluster.fr), une association investie dans le
développement du bio et à ce titre massivement soutenue par la
Région. Sur
http://www.biorhonealpes.fr/Les-entreprises-engagees.html,
vous pouvez retrouver la liste actualisée des entreprises
signataires de cette charte et donc les marques disponibles en
magasin. Pour l'instant, et c'est à regretter, aucune entreprise des
deux Savoie... mais cela sans nul doute viendra. Par ailleurs, sur
http://www.biorhonealpes.fr/Les-Points-de-vente-Charte-Bio.html,
vous pourrez prendre connaissance des lieux partenaires de cette
opération certes de marketing, mais de celui-ci comme de la
certification peut-on réellement et pour l'instant se passer ?
En
voilà une question que vous pourrez poser à François Kohler, alias
Tonton Livraison qui, sur Chambéry et dans les environs, peut
faire vos courses, vous les apporter, mais aussi transporter des
marchandises et être sollicité pour tout autre service à la
demande à
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Le tout, bien sûr, à vélo.
Voici
la boucle de cette chronique bouclée.
Reste
à boucler la plus grande boucle.
On
risque de pédaler pour cela encore longtemps, mais toutes ces
initiatives laissent à penser que, peut-être, on pédale désormais
moins dans le vide et plus sur la terre ferme.
©Yolaine
de LocoBio
Octobre
2012
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