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Chronique 53
28-09-2012
Que dire, donc, de la « Rentrée » ?

 

Bon, c'était prévisible, mais l'été aurait pu nous faire penser que... que... que quoi ? Comme disait ma grand-mère, que couic, oui ! Après des semaines de vacances, c'est-à-dire de ralenti artificiel imposé, voici donc la rentrée passée. Et ses accélérations tout aussi artificielles et pénibles. A ce propos, est-ce qu'un Ministre de l'Education Nationale aura un jour le courage d'aller vraiment dans le sens de l'intérêt des enfants et des parents, de raccourcir des congés interminables ? Demandez-donc, c'est un indicateur comme un autre, aux éducateurs de rue si la deuxième quinzaine d'août n'est pas de trop et si la vacuité, la frustration de n'être pas parti, de ne pas pouvoir consommer de la route, du sable et du fun, ne crée pas des tensions en ville. Pas d'explosion, rien de spectaculaire, mais le malaise est là, concernant un plus grand nombre de personnes qui ne peuvent plus « partir » comme on dit. Il vaudrait vraiment mieux structurer plus d'activités éducatives, ludiques et sportives, les après-midi en période scolaire et lors des dites vacances. Tout un programme, de quoi hérisser le poil des stations balnéaires et autres stations de ski. Mais bon, il faut savoir ce que l'on veut : des gamins de moins en moins au fait des connaissances générales, trainant où ?, dans des Fnac où ils ne peuvent de toutes façons pas acheter tous les jours ? Ou tenir comme on peut des emplois grâce à l'économie touristique et voir grandir des gosses moins cultivés et frustrés ? Avec ses lunettes de prof autoritaire et de ministre sûr de lui, Vincent Peillon devrait avoir de bonnes idées. On attend qu'il les ait et qu'elles soient appliquées. Please, come on ! : il s'agit d'enfants, vous faites quoi au juste au gouvernement ?

 

 

Ça, c'est fait. Maintenant le gouvernement, justement. Du mieux car de la retenue dans le comportement et de la tenue. Bizarrement, du rififi revient dans les banlieues mais notre ministre de l'intérieur looké assume des positions assez fermes. La gauche y a tout intérêt car la droite confondue veille sur ce flanc connu pour être faible. Elle y a intérêt car il suffit de peu pour un embrasement inédit. La société est de plus en plus à cran, la faute à des problèmes anciens non résolus et de nouveaux problèmes. Parmi ceux-ci, le délitement vitesse grand V, qui aurait cru ?, de la classe moyenne. Vertigineux, aux conséquences encore insoupçonnées ou alors tues, inévitable. Comment pourrait-il en être autrement avec des retraités menacés de payer plus d'impôts ? Quel scandale ! Vraiment la politique rasibus qui racle les fonds de tiroir et tape sur des « gens biens » : les pouvoirs publics ne craignent pas des mouvements de masse de cette catégorie-là ; et la politique, la gestion politique, c'est aussi penser de la sorte, en bon cynique de gauche. En Espagne, mais pas que, les pensions ont même baissé, ce qui revient carrément à du vol car, que je sache, tous ces gens ont cotisé, ont espéré, durant leur vie active -qu'ils prolongent bien souvent, faute de pouvoir se passer de revenus complémentaires-. C'est purement scandaleux, injuste, mais aussi contre-productif si l'on suit le raisonnement débile des gouvernants. Car il ne faut pas se leurrer : des retraités qui restent actifs, cela pèse sur les générations suivantes.


Et là, on tombe sur le gros no-nos du chômage... et la barre à nouveau passée des 3 millions de sans- emplois en France. En France ! C'est la honte. Pas pour les Français, non on ne mérite pas cela, quelle connerie cette idée d' »avoir les gouvernants que l'on mérite », mais pour tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la rigueur au début des années 80. Je m'en souviens. C'est alors qu'il aurait fallu tenir bon, rompre. Ah... le début des années Mitterrand... Au lieu de cela, ils sont tous formatés pareil et, pire, ils formatent à leur tour les élites de demain sommées de leur ressembler pour parvenir au pouvoir, reproduction et endogamie obligent. Dans ces conditions, aucune chance de s'en sortir de ce côté, en comptant sur ces gonzes qui s'en sortiront, eux, toujours. Le budget pour 2013 n'y fera rien, d'autant plus qu'il est basé sur une croissance de 0,8% bien difficile à atteindre. C'est le formatage qui est mauvais, dans les deux sens du terme. Un indice : quand les Etats sont endettés, c'est le contribuable qui trinque... sachant qu'au train où vont les choses il risque d'y en avoir de moins en moins, d'épuiser ceux-limite bons à encore taxer et, au passage, d'attiser les tensions entre les deux catégories. Donc ? Donc c'est une fois de plus injuste et inefficace. Un autre indice : quand les banques sont endettées, ce sont les Etats qui les renflouent on se demande encore pourquoi et... c'est le contribuable qui trinque encore. Lequel contribuable, lui, lorsqu'il est endetté, n'a plus qu'à mettre la clef sous la porte, personne pour lui, le petit contribuable. D'ailleurs, c'est le sujet d'un livre que j'ai repéré et dont je vous parlerai peut-être si je le lis finalement : La Survivance, de Claudie Hunzinger, aux éditions Grasset.


Côté politique environnementale, c'est pas jojo non plus. D'abord on a un premier ministre capricieux qui s'accroche à son projet d'aéroport du futur... mais de quel futur ? Sincèrement, mieux vaudrait laisser les vaches paitre en paix dans le bocage normand, croyez-moi Monsieur Ayrault, vous risquez de constater un peu trop tard que la vraie valeur est là. Que mangerons-nous ? Le kérosène d'avions cloués au sol ? Qui voyage et qui voyagera au juste ? Des touristes qui ne partiront plus et des hommes qui n'auront plus d'affaires ? Quant aux membres du gouvernement, pas besoin de compter sur eux pour faire tourner les compagnies aériennes : on est bien certain que les ministres écologistes auront au fil du temps un tel ascendant sur leurs collègues que tous, oui tous, ils ne se déplaceront plus qu'à vélo éolien.


Mais il y a plus grave, désolée, que cette histoire de vroum-vroum dans les airs. Il y a l'affaire des OGM. A moins d'être l'assistant humain du robot Curiosity sur Mars, vous devriez savoir qu'une étude, une nouvelle car elles sont nombreuses quoique discrètes, vient de sortir sur l'impact concernant l'impact sur la santé de la consommation d'un maïs génétiquement modifié. Encore une levée de bouclier, qu'est-ce que c'est que ces chercheurs qui font peur ? En plus en montrant des images abjectes de rats de laboratoire, putain c'est quoi cette rentrée ? Mais c'était pas clair que personne ne voulait savoir ? Et Greenpeace qui y va de sa campagne, de son guide d'information sur les produits sans OGM (http://guide-ogm.greenpeace.fr). C'est vraiment pénible à force, on peut pas venir à bout de l'Humanité pénard. Heureusement, ça roule avec les politiques, ils sont plutôt cools sur le sujet. A preuve : ils ont lâché sur un truc hyper-important, l'étiquetage. En effet, en application scrupuleuse d'une mesure européenne il faut bien le dire laxiste, seuls les produits contenant plus de 0,9% d'OGM doivent le spécifier. C'est génial, c'est absolument génial, macabrement génial : alors tout le reste peut passer pour du sans OGM aux yeux des consommateurs, même de ceux cherchant à être les mieux informés. Là, c'est grave. On voit que l'argent souille non seulement nos assiettes mais aussi le rapport au réel. Non mais vous voyez ce que cela signifie de faire passer de l'OGM pour du non-OGM ? Ça veut dire quoi ? Dans le meilleur des cas, ils sont clairement fous, ceux qui nous gouvernent. Dans le pire, ils sont mous ou complices. Et dans tous les cas, c'est grave. Où est l'éthique de responsabilité si chère au sociologue Max Weber ? Revenons aux fondamentaux, je crois que cela vaudrait mieux. Il est tard, on s'égare.


Avant de revenir à un autre fondamental, j'en ai déniché un, juste un mot sur la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre à Paris. C'est mieux que rien, on peut toujours se dire ça. Mais c'est faible. Et surtout ce n'est pas dans le bon axe. Quelle manie de choisir tel ou tel « dossier » dans l'écologie, comme si elle était sécable, et de mettre le paquet sur le développement durable. La problématique, c'est l'emploi, encore et toujours l'emploi. Mais c'est fini ! On a bien un vaillant Ministre du Redressement Productif (c'est du Jarry, ou quoi, cette expression?), mais faudrait leur dire, là-haut, que c'est fini ce raisonnement en termes d'emplois. Fini, fini, fini. Le temps qu'ils comprennent, des politiques en veux-tu en voilà vont s'attacher à développer les énergies renouvelables, la fiscalité verte, etc... La biodiversité a de la chance : elle fait partie de la feuille de route. On verra. Je veux dire : qui survivra verra.


Ah ! Enfin le paragraphe exotique, le repos. Figurez-vous que Jean Giono, oui Jean Giono, était un peu révolutionnaire sur les bords. Qui n'a pas de lui une image un peu pépère dans ses collines, près de Manosque ? Eh bien non. Il était pas si tranquille et on ferait bien de se souvenir de ses analyses, livrées elles aussi dans des chroniques, pour en prendre de la graine. En effet, ce n'est pas parce que l'Histoire a retenu ce qui l'arrangeait qu'il faut oublier les propos assez virulents rassemblés dans le recueil « Les terrasses de l'île d'Elbe » (collection L'Imaginaire, Gallimard), datant des années 60. Ah les années 60... ça devait être le bon temps, enfin plus sûrement le temps des bombes qui explosent aujourd'hui avec retardement. Je cite, très peu, mais je cite, à vous de courir dans une bibliothèque ou chez un libraire indépendant pour connaître la suite : « Tout est détruit, rasé, raclé ; quelqu'un s'insurge, défend un bel hôtel, un assemblage de pierres admirables, une porte monumentale, on l'abat sous l'arme totale, l'imparable, celle à laquelle le primaire ne résiste pas : la nécessité de marcher avec son temps, et, s'il insiste, avec le mot « progrès » qui est la bombe atomique des raisonnements imbéciles » (p.21). Avant, il avait juste écrit : « (…) le plus important est d'avoir sous nos yeux un monde dont l'aspect ne nous fasse pas vomir » (p.18).


Sur ce, que faire ? Rien ? Pas trop le genre de la cabane. Alors autant continuer à lire. Je conseille vivement les publications sérieuses d'un éditeur local fort engagé. Il s'agit des Editions du Croquant, dans nos chères Bauges. Voir leurs nouveautés et leur catalogue entier sur http://www.atheles.org/editionsducroquant. Les contacter aussi car ils recherchent des associés afin de pérenniser leur activité. Car on se doute bien qu'être éditeur, local, engagé et de qualité, cela n'est pas trop dans le sens du vent de nos jours. Du coup, si vous avez une forme de placement éthique à réaliser, cette piste mérite d'être explorée.


Next but not least ; aller faire un tout le mois prochain, au Festival de l'Economie qui va se tenir du 9 au 14 octobre à Annecy et dans son agglomération. Un vif conseil : aller faire un tour sur leur site pour découvrir le riche et prometteur programme http://www.festivaldeleconomie.org. Peut-être qu'avec des événements la tête sur les épaules comme celui-ci, on va y arriver à force.


« A force », c'est un peu la philosophie des Cafés Bonnes Nouvelles (http://cafebonnesnouvelles.hautetfort.com) qui reviennent à Chambéry avec une programmation elle aussi très riche. Et avec tact mise en décalage par rapport aux cafés scientifiques pour être certain que chacun pouvait, s'il le voulait, s'en mettre plein les mirettes et les escouchettes (alias les oreilles). Le premier rendez-vous aura pour thème un sujet qui nous est particulièrement cher, à LocoBio : « Le consommer local, bio, solidaire et convivial ». Ce sera le 9 octobre à la Maison des Associations qui, entre autres services citoyens est aussi un lieu où, tout d'un coup, vous pouvez rapporter pour recyclage: papiers, cartouches d'encre, bouchons en plastic, canettes en métal, piles et batterie. Si c'est pas de l'éco-citoyenneté, ça ! Et n'oubliez pas : il n'y a pas de « petit geste » : tout vaut, tout vaudra pour que le changement, demain, soit vraiment « maintenant ».




©Yolaine de LocoBio

28 septembre 2012

 
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