Que dire, donc, de la
« Rentrée » ?
Bon, c'était prévisible, mais
l'été aurait pu nous faire penser que... que... que quoi ?
Comme disait ma grand-mère, que couic, oui ! Après des
semaines de vacances, c'est-à-dire de ralenti artificiel imposé,
voici donc la rentrée passée. Et ses accélérations tout aussi
artificielles et pénibles. A ce propos, est-ce qu'un Ministre de
l'Education Nationale aura un jour le courage d'aller vraiment dans
le sens de l'intérêt des enfants et des parents, de raccourcir des
congés interminables ? Demandez-donc, c'est un indicateur comme
un autre, aux éducateurs de rue si la deuxième quinzaine d'août
n'est pas de trop et si la vacuité, la frustration de n'être pas
parti, de ne pas pouvoir consommer de la route, du sable et du fun,
ne crée pas des tensions en ville. Pas d'explosion, rien de
spectaculaire, mais le malaise est là, concernant un plus grand
nombre de personnes qui ne peuvent plus « partir » comme
on dit. Il vaudrait vraiment mieux structurer plus d'activités
éducatives, ludiques et sportives, les après-midi en période
scolaire et lors des dites vacances. Tout un programme, de quoi
hérisser le poil des stations balnéaires et autres stations de ski.
Mais bon, il faut savoir ce que l'on veut : des gamins de moins
en moins au fait des connaissances générales, trainant où ?,
dans des Fnac où ils ne peuvent de toutes façons pas acheter tous
les jours ? Ou tenir comme on peut des emplois grâce à
l'économie touristique et voir grandir des gosses moins cultivés et
frustrés ? Avec ses lunettes de prof autoritaire et de ministre
sûr de lui, Vincent Peillon devrait avoir de bonnes idées. On
attend qu'il les ait et qu'elles soient appliquées. Please, come
on ! : il s'agit d'enfants, vous faites quoi au juste au
gouvernement ?
Ça, c'est fait. Maintenant le
gouvernement, justement. Du mieux car de la retenue dans le
comportement et de la tenue. Bizarrement, du rififi revient dans
les banlieues mais notre ministre de l'intérieur looké assume des
positions assez fermes. La gauche y a tout intérêt car la droite
confondue veille sur ce flanc connu pour être faible. Elle y a
intérêt car il suffit de peu pour un embrasement inédit. La
société est de plus en plus à cran, la faute à des problèmes
anciens non résolus et de nouveaux problèmes. Parmi ceux-ci, le
délitement vitesse grand V, qui aurait cru ?, de la classe
moyenne. Vertigineux, aux conséquences encore insoupçonnées ou
alors tues, inévitable. Comment pourrait-il en être autrement
avec des retraités menacés de payer plus d'impôts ? Quel
scandale ! Vraiment la politique rasibus qui racle les fonds de
tiroir et tape sur des « gens biens » : les pouvoirs
publics ne craignent pas des mouvements de masse de cette
catégorie-là ; et la politique, la gestion politique, c'est
aussi penser de la sorte, en bon cynique de gauche. En Espagne, mais
pas que, les pensions ont même baissé, ce qui revient carrément à
du vol car, que je sache, tous ces gens ont cotisé, ont espéré,
durant leur vie active -qu'ils prolongent bien souvent, faute de
pouvoir se passer de revenus complémentaires-. C'est purement
scandaleux, injuste, mais aussi contre-productif si l'on suit le
raisonnement débile des gouvernants. Car il ne faut pas se leurrer :
des retraités qui restent actifs, cela pèse sur les générations
suivantes.
Et là, on tombe sur le gros no-nos du
chômage... et la barre à nouveau passée des 3 millions de sans-
emplois en France. En France ! C'est la honte. Pas pour les
Français, non on ne mérite pas cela, quelle connerie cette idée
d' »avoir les gouvernants que l'on mérite », mais pour
tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la rigueur au
début des années 80. Je m'en souviens. C'est alors qu'il aurait
fallu tenir bon, rompre. Ah... le début des années Mitterrand... Au
lieu de cela, ils sont tous formatés pareil et, pire, ils formatent
à leur tour les élites de demain sommées de leur ressembler pour
parvenir au pouvoir, reproduction et endogamie obligent. Dans ces
conditions, aucune chance de s'en sortir de ce côté, en comptant
sur ces gonzes qui s'en sortiront, eux, toujours. Le budget pour 2013
n'y fera rien, d'autant plus qu'il est basé sur une croissance de
0,8% bien difficile à atteindre. C'est le formatage qui est
mauvais, dans les deux sens du terme. Un indice : quand les
Etats sont endettés, c'est le contribuable qui trinque... sachant
qu'au train où vont les choses il risque d'y en avoir de moins en
moins, d'épuiser ceux-limite bons à encore taxer et, au passage,
d'attiser les tensions entre les deux catégories. Donc ? Donc
c'est une fois de plus injuste et inefficace. Un autre indice :
quand les banques sont endettées, ce sont les Etats qui les
renflouent on se demande encore pourquoi et... c'est le contribuable
qui trinque encore. Lequel contribuable, lui, lorsqu'il est endetté,
n'a plus qu'à mettre la clef sous la porte, personne pour lui, le
petit contribuable. D'ailleurs, c'est le sujet d'un livre que j'ai
repéré et dont je vous parlerai peut-être si je le lis
finalement : La Survivance, de Claudie Hunzinger, aux éditions
Grasset.
Côté politique environnementale,
c'est pas jojo non plus. D'abord on a un premier ministre
capricieux qui s'accroche à son projet d'aéroport du futur... mais
de quel futur ? Sincèrement, mieux vaudrait laisser les vaches
paitre en paix dans le bocage normand, croyez-moi Monsieur Ayrault,
vous risquez de constater un peu trop tard que la vraie valeur est
là. Que mangerons-nous ? Le kérosène d'avions cloués au
sol ? Qui voyage et qui voyagera au juste ? Des touristes
qui ne partiront plus et des hommes qui n'auront plus d'affaires ?
Quant aux membres du gouvernement, pas besoin de compter sur eux pour
faire tourner les compagnies aériennes : on est bien certain
que les ministres écologistes auront au fil du temps un tel
ascendant sur leurs collègues que tous, oui tous, ils ne se
déplaceront plus qu'à vélo éolien.
Mais il y a plus grave, désolée,
que cette histoire de vroum-vroum dans les airs. Il y a l'affaire des
OGM. A moins d'être l'assistant humain du robot Curiosity sur
Mars, vous devriez savoir qu'une étude, une nouvelle car elles sont
nombreuses quoique discrètes, vient de sortir sur l'impact
concernant l'impact sur la santé de la consommation d'un maïs
génétiquement modifié. Encore une levée de bouclier, qu'est-ce
que c'est que ces chercheurs qui font peur ? En plus en montrant
des images abjectes de rats de laboratoire, putain c'est quoi cette
rentrée ? Mais c'était pas clair que personne ne voulait
savoir ? Et Greenpeace qui y va de sa campagne, de son guide
d'information sur les produits sans OGM
(http://guide-ogm.greenpeace.fr).
C'est vraiment pénible à force, on peut pas venir à bout de
l'Humanité pénard. Heureusement, ça roule avec les politiques, ils
sont plutôt cools sur le sujet. A preuve : ils ont lâché sur
un truc hyper-important, l'étiquetage. En effet, en application
scrupuleuse d'une mesure européenne il faut bien le dire laxiste,
seuls les produits contenant plus de 0,9% d'OGM doivent le spécifier.
C'est génial, c'est absolument génial, macabrement génial :
alors tout le reste peut passer pour du sans OGM aux yeux des
consommateurs, même de ceux cherchant à être les mieux informés.
Là, c'est grave. On voit que l'argent souille non seulement nos
assiettes mais aussi le rapport au réel. Non mais vous voyez ce
que cela signifie de faire passer de l'OGM pour du non-OGM ? Ça
veut dire quoi ? Dans le meilleur des cas, ils sont clairement
fous, ceux qui nous gouvernent. Dans le pire, ils sont mous ou
complices. Et dans tous les cas, c'est grave. Où est l'éthique de
responsabilité si chère au sociologue Max Weber ? Revenons aux
fondamentaux, je crois que cela vaudrait mieux. Il est tard, on
s'égare.
Avant de revenir à un autre
fondamental, j'en ai déniché un, juste un mot sur la Conférence
environnementale des 14 et 15 septembre à Paris. C'est mieux que
rien, on peut toujours se dire ça. Mais c'est faible. Et surtout
ce n'est pas dans le bon axe. Quelle manie de choisir tel ou tel
« dossier » dans l'écologie, comme si elle était
sécable, et de mettre le paquet sur le développement durable.
La problématique, c'est l'emploi, encore et toujours l'emploi. Mais
c'est fini ! On a bien un vaillant Ministre du Redressement
Productif (c'est du Jarry, ou quoi, cette expression?), mais faudrait
leur dire, là-haut, que c'est fini ce raisonnement en termes
d'emplois. Fini, fini, fini. Le temps qu'ils comprennent, des
politiques en veux-tu en voilà vont s'attacher à développer les
énergies renouvelables, la fiscalité verte, etc... La biodiversité
a de la chance : elle fait partie de la feuille de route. On
verra. Je veux dire : qui survivra verra.
Ah ! Enfin le paragraphe exotique,
le repos. Figurez-vous que Jean Giono, oui Jean Giono, était un peu
révolutionnaire sur les bords. Qui n'a pas de lui une image un peu
pépère dans ses collines, près de Manosque ? Eh bien non. Il
était pas si tranquille et on ferait bien de se souvenir de ses
analyses, livrées elles aussi dans des chroniques, pour en prendre
de la graine. En effet, ce n'est pas parce que l'Histoire a retenu ce
qui l'arrangeait qu'il faut oublier les propos assez virulents
rassemblés dans le recueil « Les terrasses de l'île d'Elbe »
(collection L'Imaginaire, Gallimard), datant des années 60. Ah les
années 60... ça devait être le bon temps, enfin plus sûrement le
temps des bombes qui explosent aujourd'hui avec retardement. Je cite,
très peu, mais je cite, à vous de courir dans une bibliothèque ou
chez un libraire indépendant pour connaître la suite : « Tout
est détruit, rasé, raclé ; quelqu'un s'insurge, défend un
bel hôtel, un assemblage de pierres admirables, une porte
monumentale, on l'abat sous l'arme totale, l'imparable, celle à
laquelle le primaire ne résiste pas : la nécessité de marcher
avec son temps, et, s'il insiste, avec le mot « progrès »
qui est la bombe atomique des raisonnements imbéciles »
(p.21). Avant, il avait juste écrit : « (…) le
plus important est d'avoir sous nos yeux un monde dont l'aspect ne
nous fasse pas vomir »
(p.18).
Sur
ce, que faire ? Rien ? Pas trop le genre de la cabane.
Alors autant continuer à lire. Je conseille vivement les
publications sérieuses
d'un éditeur local fort engagé. Il s'agit des Editions du Croquant,
dans nos chères Bauges. Voir leurs nouveautés et leur catalogue
entier sur http://www.atheles.org/editionsducroquant.
Les contacter aussi car ils recherchent des associés afin de
pérenniser leur activité. Car on se doute bien qu'être éditeur,
local, engagé et de qualité, cela n'est pas trop dans le sens du
vent de nos jours. Du coup, si vous avez une forme de placement
éthique à réaliser, cette piste mérite d'être explorée.
Next
but not least ; aller faire un tout le mois prochain, au
Festival de l'Economie
qui va se tenir du 9 au 14 octobre à Annecy et dans son
agglomération. Un vif conseil : aller faire un tour sur leur
site pour découvrir le riche et prometteur programme
http://www.festivaldeleconomie.org.
Peut-être qu'avec des événements la tête sur les épaules comme
celui-ci, on va y arriver à force.
« A
force », c'est un peu la philosophie des Cafés
Bonnes Nouvelles
(http://cafebonnesnouvelles.hautetfort.com)
qui reviennent à Chambéry avec une programmation elle aussi très
riche. Et avec tact mise en décalage par rapport aux cafés
scientifiques pour être certain que chacun pouvait, s'il le voulait,
s'en mettre plein les mirettes et les escouchettes (alias les
oreilles). Le premier rendez-vous aura pour thème un sujet qui nous
est particulièrement cher, à LocoBio : « Le consommer
local, bio, solidaire et convivial ». Ce sera le 9 octobre à
la Maison des Associations
qui, entre autres services citoyens est aussi un lieu où, tout d'un
coup, vous pouvez rapporter pour recyclage:
papiers, cartouches d'encre, bouchons en plastic, canettes en métal,
piles et batterie. Si c'est pas de l'éco-citoyenneté, ça ! Et
n'oubliez pas : il n'y a pas de « petit geste » :
tout vaut, tout vaudra pour que le changement, demain, soit vraiment
« maintenant ».
©Yolaine
de LocoBio
28
septembre 2012
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