Après le mois fou, Noël réenchanteur
Vous l’aurez constaté, il n’y a pas eu de chronique en novembre.
D’habitude terne, sans histoire, juste transitoire entre la rentrée à peine
digérée et les fêtes de fin d’année, Novembre s’étire sur 31 longs jours.
Cette année, rien de tout cela. Novembre fut flamboyant de
soleil, de sécheresse même. L’Isère en était presque devenue un ruisseau à ma
surprise indicible. Et que dire de l’actualité politique, enfin je veux dire,
de l’actualité économique ? Du flamboyant, au sens de jamais vu, et de la
sécheresse, ça oui : dans les budgets, dans les programmes, dans les
perspectives ; dans la démocratie, vidée de sa substance au beau milieu d’un
silence vertigineux.
Car si je n’ai pas écrit de chronique en novembre, c’est
parce que la sécheresse l’a emporté. Sincèrement, j’ai passé ce mois dans un
véritable état de stupeur, à regarder le film de la « situation » se dérouler
en me disant : « Ce n’est pas vrai ; ça va s’arrêter ». Et non. La film a
continué. Il continue encore et je peine à sortir de ma saine sidération… sans
que ce soit d’ailleurs un but car je le répète : elle me semble saine, elle !
En effet, comment aurai-je pu imaginer l’indigne pression
exercée sur un premier ministre –grec, en l’occurrence- pour qu’il renonce à
consulter par voie référendaire sa population au sujet d’un douloureux plan de
rigueur ? Comment ne pas voir clairement les deux poids et les deux mesures au
G20, à Cannes : le même premier ministre grec convoqué comme un sale gosse
tandis que le Président de notre République bafouée accepte de se geler 10
minutes pour attendre son homologue chinois, en retard, sous les flashs et les
caméras dubitatives ? N’avez-vous pas proprement halluciné en voyant Silvio
Berlusconi contraint « par les marchés » de démissionner, et les Italiens fêter
ce départ tant attendu dans la rue… alors qu’un nouveau Président du Conseil
–bien sous tous rapports et certainement pas élu- prenait la tête du pays ?
Lequel Président du Conseil a récemment affiché des airs de pénitence pour
annoncer qu’il renonçait à son salaire afin de donner l’exemple, d’être
lui-même solidaire. C’est admirable. Si je n’avais qu’un mot pour qualifier
cette abnégation, je dirais qu’elle est admirable. Mais enfin… quelle image est
donc donnée de la politique ?: les « marchés » décident, pètent de graisse dans
leurs bulles successives, et le personnel politique se convertit au bénévolat !
Comme s’il n’y en avait pas déjà assez, du bénévolat. Sans lui, cela ferait
bien longtemps que les économies dites développées se seraient effondrées.
Effarée. Je suis effarée. L’adoption de la « règle d’or »
budgétaire –encore des mots épiques pour une bien sinistre épopée- et le récent
accord pour maintenir coûte que coûte une zone euro a minima –vraiment plus
peur de la honte et de l’indécence- ne vont certainement pas rompre cette
sensation. L’importance accordée par les milieux politiques et médiatiques aux
agences de notation, à leurs menaces rituelles sur la note des Etats et autres
collectivités publiques maintient un climat de peur. Jamais je crois n’avoir
ressenti, en ce novembre si long et flamboyant qui déborde désormais sur
décembre, une telle prééminence du hors-sujet. On focalise sur de faux
problèmes. On persiste à utiliser de mauvais cadres d’analyse. On associe Eva
Joly à un catastrophisme anti-sexy, on l’égratigne sur la raideur de ses
valeurs. Même son passé est louche : c’est vrai, c’est pas terrible d’avoir été
juge d’instruction. C’est sûr, vaut mieux être un gros plein de soupe en
cravate, se répandant sur les plateaux de télévision et autres media asociaux
en hoquetant : « Si la France perd son triple A, c’est la catastrophe ».
Dans un tel contexte, comment s’étonner que la rhétorique du
Sauveur -et peut-être pas seulement la rhétorique- risque de prochainement
l’emporter ?
La démission n’étant toutefois pas de mise, autant choisir
de fêter Noël joyeusement. C’est-à-dire sincèrement et simplement. Fidèle à ma
politique, car c’est de la politique, je vais vous faire part de bonnes
adresses pour vous régaler et gâter les vôtres.
Mention spéciale à Esprit d’Ethik : Fred et Daphnée vous accueilleront dans leur
boutique du centre historique, à Chambéry ; une boutique refaite à neuf, claire
et chaleureuse. Ces deux-là sélectionnent avec goût vêtements, chaussures,
bijoux, déco d’intérieur, etc… issus du commerce équitable Nord/Sud. Et de plus
en plus Nord/Nord. Si, comme je l’espère, vous n’avez pas de sapin mort trônant
au milieu de votre salon, vous pourrez ainsi vous en procurer un en bois flotté
ou en spatules de ski récupérées. Très jolis et pas cher, ces sapins-là sont
fabriqués par Wood Stock Creation à Annecy.
Mention spéciale à Fred et Daphnée aussi pour avoir organisé
une petite soirée où les visiteurs ont pu déguster un buffet bio et local.
Chapeau, vraiment chapeau car peu, si peu nombreux, sont ceux épris de
cohérence de nos jours. Pour ce buffet, ils avaient fait appel à Pascale, de
Biodiner . N’hésitez pas, vous aussi, à la
solliciter car ses mets sont vraiment succulents et abordables. Côté régalade
et cadeaux, ne pas oublier non plus un rendez-vous désormais bien établi : la
Ronde Gourmande. C’est du 17 au 19 décembre au Manège et le nom est trompeur.
Il n’y a pas que de la boustifaille ; il y a aussi des vêtements et chapeaux,
de la céramique, des animations réalisées par les artisans.
Enfin, pour sortir du consumérisme stérile, il n’est pas
interdit et il est même souhaitable de faire des dons. Bien des causes sont
louables. Force est de constater qu’elles ne sont pas prises en charge à
égalité, ni par les pouvoirs publics, ni par les citoyens. Du coup, je préfère
pour ma part donner voix au chapitre à ceux qui ont le malheur de ne pas
partager le même langage que nous : les animaux. Donc, pourquoi ne pas donner
de l’argent à la SPA la plus proche de chez vous pour, concrètement, permettre
leur entretien pendant l’hiver et leur éviter la mort ? Pour leur donner une
chance d’être adopté, de s’en sortir… peut-être comme l’Humanité finalement ?
Allez, tout de bon à tous et chacun dans son coin jusqu’à
2012.
©Yolaine de LocoBio
13 décembre 2011
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