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Chronique 30
31-05-2010
Les lignes bougeraient-elles ?

 
S’il est une expression que j’affectionne, c’est bien : « les lignes bougent ». Ou encore : untel est en train de « faire bouger les lignes ». Cela signifie faire évoluer les cadres, les façons de penser et, partant, les manières d’agir. Ce n’est donc pas un truc de pêcheur car, à la pêche, vaut mieux pas trop bouger. Waf, waf !... En revanche, c’est salvateur pour notre combat car, quoique nécessairement civils, nous sommes résolument engagés dans un combat en faveur d’une économie locale propre. Donc, faire bouger les lignes, être satisfaits lorsqu’elles semblent bouger, c’est notre lot quotidien.
 Grand motif de satisfaction à ce sujet : la Quinzaine de l’Eco-citoyenneté qui vient de se terminer à Chambéry. Beaucoup d’activités ont eu lieu, très variées et très intéressantes : conférence de Paul Ariès sur la simplicité, ateliers paillage et compostage, circuits découverte à rollers, etc… Les réunions pour la préparation de cet événement ont été l’occasion d’échanges féconds, permis par l’intense mobilisation du milieu associatif et notamment des bénévoles. Pour sa part et fidèle à l’un de ses chevaux de bataille, LocoBio a entre autres organisé avec succès un café éco-citoyen sur le thème : « Bien se nourrir demain, les enjeux de l’agriculture périurbaine ». Cette manifestation nous a permis d’alerter sur la nécessité de préserver des terres agricoles pour assurer une alimentation de qualité aux populations urbaines, totalement coupées de la Nature et pourtant très dépendantes d’elle.

 Pour nous, les priorités à porter sur l’agenda politique local sont dans ce domaine :

 

 1.    plus de transparence dans l’élaboration du schéma agricole de Chambéry Métropole (transmission des études préalables et autres documents préparatoires aux acteurs autorisés, audience de ceux-ci, organisation d’un débat public comme pour le Plan Climat).

 

 2.    toujours dans le cadre de l’élaboration de ce schéma, procéder au calcul de l’autonomie alimentaire de l’agglo. C’est une base de travail essentielle pour prendre les bonnes décisions et comprendre que sauver des terres nourricières n’est pas un appel catastrophiste mais une question de responsabilité politique.

 

 3.    ouverture d’un débat public sur les cantines à Chambéry afin d’améliorer cette prestation et d’intégrer davantage de produits bio et locaux. Cela avant la fin de la délégation de service public qui court depuis… 2000 et va jusqu’à… 2015, soit l’équivalent de presque trois mandats municipaux. Ce serait quand même bien de ne pas engager l’électorat et les usagers pour de si longues périodes, surtout sans trop faire de publicité sur la question.

 

 4.    Concernant les éco-quartiers en cours de réalisation et à venir : davantage intégrer dans leur conception la dimension alimentaire. C’est-à-dire la considérer au moins aussi importante que la performance énergétique des bâtiments et la question de l’accessibilité. En clair, arrêter de bâtir des éco-quartiers sur des terres agricoles en virant des paysans encore en activité et au contraire y adosser plusieurs AMAP. En effet, qui dit éco-quartier, dit habitants et qui dit habitants dit (jusqu’à preuve lyophilisée du contraire) besoins de nourriture donc sécurisation des revenus pour les agriculteurs. Autant dire une aubaine et des synergies vraiment locales.

 

 5.    Tous au jardin ! En éco-quartier ou pas, juste en bas de chez soi, au milieu des HLM, ou que ce soit, investissons les petits bouts de terre en ville même. Ce n’est pas nouveau ; cela s’appelle les jardins partagés. Cela fait longtemps que LocoBio demande de pouvoir en animer un. Mais bon… il faut parfois du temps pour « faire bouger les lignes ».

 

 

 Voilà. Il y a encore d’autres motifs de satisfaction et d’espoir à mentionner en ce printemps grincheux : le film de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global, la création officielle de la Maison Alpine du Développement Durable à Montmélian. Et au programme, nous avons dans les semaines à venir le Solar Event à Bourget du lac (Technolac) et le Forum National du Tourisme Responsable à Chambéry.

 

 OK : beaucoup d’agitation, d’éparpillement et parfois d’opportunisme. On ne peut pas le nier et cela me laisse parfois sceptique. N’empêche : si je repense à ce que l’on jetait dans les poubelles quand j’étais petite (années 70, sniff !) et si je repense à tous ces « marginaux » qui faisaient du bio discrètement depuis 30 ans ; là, je me dis que ça vaut la peine car les lignes ont bougé. Alors, si elles ont bougé, elles pourraient encore plus bouger, non ?

 

 

© Yolaine de LocoBio 

 28 mai 2010

  


 
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