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Chronique / 10
14-06-2008
Et ça continue de plus belle !
 
Evidemment, certains peuvent plus que d’autres se payer le luxe du ventre mou. Le tout est d’avoir assez de graisse pour se contorsionner alors qu’il y a tellement urgence que le mot en est insuffisant.

Vous savez peut-être que la faim fait des ravages, depuis toujours et visiblement pour encore longtemps, dans le monde. Vous savez aussi que face à ce fléau somme toute assez silencieux (ça manifeste avec difficulté quelqu’un qui crève de faim), on parle de plus en plus de sécurité alimentaire. Tout l’enjeu est non seulement de nourrir la population actuelle, mais surtout d’être en capacité de nourrir celle de demain, en expansion continue.




 

Donc, quand on a ce genre de problème, qu’est-ce qu’on fait ? On réunit en sommet des experts qui honorent certainement d’opulents banquets (j’espère qu’ils sont au moins éco-responsables, à défaut d’être strictement bio et locaux, ce serait déjà ça…). C’est exactement ce qui est arrivé la semaine dernière à Rome où s’est tenu le sommet international sur la sécurité alimentaire. Il a duré quelques jours pour n’accoucher que d’une timide déclaration finale dont, je regrette, on ne peut pas se contenter.

Seul un consensus s’est dégagé pour doubler la production alimentaire sur… les quarante prochaines années. A ce niveau-là, c’est presque de la provocation. Combien de personnes vont-elles mourir de faim d’ici-là, d’ici un prochain sommet qui reculera encore l’échéance ?
Déjà, donc, ça part mal. Si on poursuit la lecture de la déclaration finale, on tombe inévitablement sur l’erreur de jugement fatale: tenez-vous bien, pour résoudre le problème de la faim dans le monde, il faudrait encore « davantage libéraliser les échanges agricoles en réduisant les obstacles au commerce et les politiques qui sont à l’origine de la distorsion du marché ». Des fois, je rêve que ce soit le traducteur qui déconne, que le gars ou la nana chargé(e) de la rédaction ait bu un coup de pétillant en trop, je ne sais pas moi… une raison qui explique autant d’égarement. « Les distorsions de marché… ». Mais c’est lui qui est tout tordu et les politiques, avec l’argent public, s’épuisent à essayer de canaliser un chien fou !

Donc le marché est la solution. On connaît la chanson : le coup de la main invisible et tout irait mieux. Et on va nous faire croire qu’en laissant le champ libre (c’est le cas de le dire) à de grandes multinationales, au hasard liées aux semences transgéniques, ça irait mieux ? Sérieusement, il faut aller à Rome, si près de Dieu, pour entendre des sornettes pareilles ?

Toujours indulgente par nature (nécessairement), je pensais à une erreur de jugement. Bien sûr, la moutarde bio me montait un peu au nez, jusqu’à ce que la question des subventions vienne encore assez inévitablement sur le tapis. Alors là, c’est le comble, on nous explique que le fonctionnement n’est pas assez libéral, que le marché est empêché dans son mouvement de régulation naturelle et on vient chercher l’Etat et autres institutions publiques pour soutenir des cultures. Elles sont où les multinationales ? Elles peuvent pas donner un coup de main et se débrouiller toutes seules ? Ah, en fait, non, elles en sont au stade où elles veulent faire ce qu’elles veulent sans en avoir les moyens. Un peu adolescent comme fonctionnement. Ou alors carrément malhonnête et cynique, il faut le dire.

Comble des décombres, des subventions pour quoi ? De quoi nourrir les gens, évidemment. Au moins ça ! Eh bien pas forcément. C’est ça qui est bien avec la FAO : le suspens est là jusqu’au bout. Enfin le suspens ou le ventre mou... Car il s’agirait de subventionner les agrocarburants pour nos bagnoles et demain –enfin de plus en plus tout de suite- celles des indiens et des chinois. Au secours ! Heureusement que le G8 devra réfléchir à la question, en juillet, au Japon. On peut certainement lui faire confiance pour prendre des décisions déterminantes qui iront dans le bon sens.

Yolaine de LocoBio, 13 juin 2008

 
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