Idées
cadeaux de Noël, suite
Tenir
la corde, mais tout sauf en Silence
Que peut bien vous
apporter le Papa ou la Maman Noël sous le sapin en palette ?
Eh bien pourquoi pas un abonnement à la revue Silence qui se trouve
être, au passage et du haut de ses plus de 500 parutions mensuelles,
rien moins que le plus ancien périodique écologiste français ?
C'est tout le mal que je vous souhaite car, en 48 pages articulées
autour d'un dossier et nourries de diverses chroniques, brèves,
conseils de lecture et agenda, le moins que l'on puisse dire est que
vous serez bien informés à la fois sur des évènements mais aussi
sur des questions de fond concernant – pour parler vite- la
Transition. Éditée par une association basée à Lyon, elle se
caractérise par son indépendance (chère à l'heure des grands
groupes pas franchement compétents ni démocratiques qui trustent l'info),
l'absence de publicité, une forte implication de tout un réseau de
bénévoles autour du pôle des quelques salariés et surtout par sa
liberté de ton. Cela signifie qu'on ne donne pas, comme souvent
ailleurs et de plus en plus, dans la dentelle : quand un sujet
est politique, il est politique et puis c'est tout, on ne cherche pas
à le dépolitiser comme aujourd'hui un peu tout. Rien que pour cela,
au-delà de telle ou telle info sur tel sujet, l'existence de cette
revue est salutaire et c'est bien pour cette raison que je vous
propose un focus sur elle. Si je le fais, c'est aussi parce qu'elle a
le souci d'une cohérence qui fait tellement défaut actuellement
mais qui, en même temps, perce ici et là, appelant non pas
seulement à parler des alternatives mais à les incarner soi-même.
Cela passe par la préoccupation de faire au mieux des normes
environnementales pour éditer la revue à sa distribution qui n'a
pas lieu en kiosque afin d'éviter le gaspillage. Pour la connaître,
peu de chances donc de tomber sur elle par le hasard de la
fréquentation d'un kiosque à journaux, raison pour laquelle je
m'emploie à vous la présenter aujourd'hui si vous ne la connaissez
pas déjà.
En fait, il est bien
possible que son nom vous parle car ce sont eux qui ont coédité en
2010, avec les excellentes et québécoises éditions Ecosociété,
le fameux Manuel de la Transition. De la
dépendance au pétrole à la résilience locale. Écrit par Rob Hopkins, cet ouvrage propose des solutions pratiques
pour passer à une société écologique qui soit viable. Il a
rencontré un écho tel qu'il a stimulé le lancement de nombreuses
initiatives dont la création de nombreux groupes pour transitionner,
notamment en Belgique, France, et Suisse. Vous pouvez d'ailleurs
l'acquérir sur leur site dont je donne ici l'adresse générale car,
de toute façon, ce ne sera pas une perte de temps de le balayer, au
contraire ! https://www.revuesilence.net
Ce faisant, vous croiserez
aussi sans doute un livre bien connu et indispensable qu'ils ont
édité en partenariat avec un éditeur dont il est ici régulièrement
question : le Passager clandestin (voir en particulier la
chronique 138). Pourquoi L'écologie en 600 dates
est-il indispensable ? Pour bien comprendre que oui, il
existe une culture écologiste, et que si elle est bien vivante, si
nous en héritons et si nous avons en charge de la nourrir à notre
tour, c'est bien parce que d'autres ont eu à cœur de réaliser ce
travail essentiel avant nous. Où il est question de réfléchir
aussi à comment allier liberté, justice sociale, préservation du
vivant et épanouissement mais dans les limites de la planète. On
pourrait croire le propos austère et, l'ayant à mes côtés, le
feuilletant régulièrement pour m'encourager, me guider, je peux
vous dire que c'est tout le contraire grâce aux nombreuses photos
qui l'émaillent. Pour se mettre en perspective, pourquoi ne pas le
mettre sous le sapin et vite le commander mais cette fois-ci au
Passager clandestin, au prix très raisonnable pour l'effort de
synthèse que cela représente de 12 euros.
Pour vous parler plus
concrètement de ce qui vous attend (pas de peur à avoir, stay cool,
calma, baissez la garde à laquelle on vous invite en permanence),
rien de mieux je pense que de parcourir avec vous le dernier numéro.
Daté de janvier 2022, déjà le 506ème d'une sacrée série, il
s'ouvre sur un dossier d'une quinzaine de pages consacré aux low
tech. La politisation, comme je vous le disais, n'est pas en reste
car la couleur est immédiatement annoncée : certes il s'agit
de technique mais il ne faudrait pas pour autant sombrer ou se faire
plaisir dans le Do It Yourself chacun dans son petit coin et oublier
que réfléchir, pratiquer et développer les basses technologies
touche aussi à la question plus fondamentale, nerf de la guerre et
personne ne s'y trompe sinon les résistances du système ne seraient
pas telles, d'un nouveau type de société. Les promouvoir ensemble,
c'est agir ensemble, on est donc en plein dans un levier à la fois
parcellaire et global tant il est vrai que les technologies sont
omniprésentes dans le quotidien de nos sociétés dites
« développées ». L'édito fixe bien les choses et les
idées sur ce chapitre du non-exit de la politique, ce d'autant plus
qu'il est judicieusement assorti -et c'est aussi vrai dans d'autres
articles- par un point « définition », expliquant en
l'occurrence en quoi consistent ces basses technologies et pourquoi
ce terme est préféré à l'anglosaxon (pas la peine de m'éterniser,
je pense que tout le monde connaît la raison de ce choix, cocorico
oblige). Ensuite, différentes contributions viennent alimenter le
débat, ou du moins font comprendre la nécessité d'un débat, de la
présentation de ce que recouvre concrètement cette notion à
l'interview d'un ingénieur sur le pourquoi d'un tournant inévitable
après l'ère high tech. J'ai ainsi beaucoup apprécié la façon de
relier ce qui peut tout à fait rester de l'aimable bricolage (et
pourquoi pas, après tout on a le droit... mais reste à savoir si on
a encore le temps de ce luxe) à des mutations plus larges en matière
de consommation d'énergie, de consommation tout court et de mode de
vie encore plus court. La question du travail, si souvent utilisée
comme chantage pour cautionner l'immobilisme et discréditer les
« écolos » aussi idéalistes qu'irresponsables, n'est
pas esquivée et, dans cette contribution comme dans d'autres, une
foultitude de solutions sont proposées. Par solutions, j'entends
aussi des lieux ressources qui seront d'autant plus inspirants pour
vous si vous vivez à côté d'un de ceux listés dans la longue et
riche rubrique « Pour aller plus loin » p.12. Bien loin
de l'actualité dominante, flippante et déprimante, vous pouvez
prendre ici une fois de plus la juste mesure de l'autre réalité,
celle des alternatives incarnées et bien incarnées par des ateliers
et autres lab. J'ai également beaucoup apprécié le recul pris sur
le sujet avec les pages intitulées « Limites et dérives des
basses technologies » qui insistent en particulier sur les
freins culturels et réglementaires, invitant ainsi la puissance
publique à assumer ses responsabilités pour participer au débrayage
général auquel nous ne couperons pas. En parlant d'incarner les
alternatives, le récit d'un retour d'expérience de low tech près
de la frontière espagnole est instructif pour ses côtés
réplicables ailleurs mais aussi pour sensibiliser à l'enthousiasme
avec lequel nous devrions (re)considérer notre part créatrice
plutôt que se complaire dans du standardisé et du gavé. Une bonne
part de la revue est ensuite consacrée au balayage de
l'actualité sur différentes thématiques clé comme les
alternatives, encore et toujours elles ; ce mois-ci et toujours
en partenariat avec l'excellent quotidien de l'écologie Reporterre,
il est question des toilettes sèches qui se développent à Bordeaux
grâce à l'organisation de la collecte des excréments et des urines
humaines à vélo. L'agriculture, le nucléaire, les énergies,
l'environnement (en partenariat avec les collègues d'Agir pour
l'environnement), les rapports Nord-Sud, le climat ainsi que la paix
et la non-violence auxquelles Silence accorde une importance
particulière dans la manière de mener son combat, les libertés, la
politique, la société, les féminismes, la santé, les
transports... tous ces aspects de nos vies font l'objet d'information
de qualité et, après ça, vous ne pourrez certainement pas vous
sentir sous-informés ! L'agenda peut ensuite vous donner des
idées tout à fait pernicieuses et plus que jamais d'actualité de
stage de désobéissance civile et c'est ainsi de suite tout à
l'avenant jusqu'à la fin où, après d'autres articles éclairants,
vous tomberez sur le conseil de lire un livre dont il a été
beaucoup question sur le site de Locobio : celui sur la
résilience alimentaire, proposé par les Greniers d'abondance et
dont vous pouvez retrouver non pas une, non pas deux, mais 4
recensions détaillées et commentées dans les chroniques 116, 118,
119 et 120. Je terminerais cette présentation en précisant que j'ai
personnellement bien hâte du prochain numéro puisqu'il traitera de
la question de la place du sauvage, vaste sujet qui pose avant tout
la question de la place que nous sommes prêts à daigner enfin
laisser aux autres espèces, autant dire enfin un peu respirer.
Pour finir, je souhaite
attirer l'attention sur l'actualité de la revue. Comme la presse en
général, elle est constamment menacée par l'érosion des
abonnements et des ventes. Jusqu'à nouvel ordre, la trésorerie joue
un rôle cardinal, aussi s'engager en s'abonnant constitue un geste
important. Vous trouverez de plus amples informations sur les liens
suivants :
https://www.revuesilence.net/actualites/focus/silence-lance-une-campagne-d-abonnements
et https://www.revuesilence.net/abonnement.
Un autre moyen d'allier l'utile à l'agréable des cadeaux peut être
aussi de consulter leur boutique
(https://www.revuesilence.net/spip.php?page=shop).
Les présents originaux, rigolos et beaux y sont au rendez-vous avec
le jeu de l'oie des alternatives, idéal pour déclencher ou résorber
les engueulades famiales en période de fêtes
(https://www.revuesilence.net/livres-affiches/pack-sortons-des-ecrans),
ou celui sur la désobéissance civile avec l'énergisante affiche
que vous avez pu contempler en accueil de la présente chronique
(https://www.revuesilence.net/livres-affiches/pack-le-desobeissant).
Vous pouvez aussi les aider en devenant relais local de la revue, ce
qui a aussi comme mérite de vous permettre de rencontrer d'autres
personnes motivées par les mêmes valeurs et les mêmes projets que
vous, et ça, par les temps qui courent, c'est on ne peut plus
précieux. Information sur https://www.revuesilence.net/participer.
Il ne me reste qu'à
souhaiter bon vent à ce journal qui, mine de rien, fêtera l'année
prochaine ses 40 ans. Trop classe et tous sur les charbons
ardents en 2022 !
©Yolaine de LocoBio,
Décembre 2021
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