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Chronique 140
13-12-2021

 

Paille alors !

 

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Je vais vous parler d'un temps que les moins de 60, 70 ans ne peuvent pas connaître vu qu'ils (donc je) ont été littéralement biberonnés au plastique. Il a tellement tout envahi et les urbains sont tellement devenus de plus en plus urbains et de plus nombreux, tous plus coupés de la « nature » les uns que les autres... eh bien que le plastique est comme par hasard devenu la norme. Il est désormais partout partout partout, nul besoin d'épiloguer sur le nouveau continent dont il est à l'origine et, symétriquement à l'opposé, sur les ultra fines particules qui s'en échappent et se retrouvent partout décomposées. A commencer dans tous les organismes vivants et, au moins un peu de justice même si elle est bien triste celle-là, dans nos propres organismes d'êtres humains. Alors voilà, alors est-ce que ce cirque va continuer encore longtemps ? Il se pourrait bien que non -si on veut bien laisser cette tendance croître-, non grâce au droit qui évolue et qui, depuis janvier 2020, interdit en principe les objets en plastique à usage unique. Et non grâce à la relève qui, dotée des forces de la jeunesse et d'une terre avec laquelle le lien n'a jamais été rompu, s'avère d'une inventivité pour tous vitale. Voici donc Mike Sallard, normand de son état, repreneur de la ferme familiale déjà convertie en bio par le papa, qui a eu l'idée de diversifier ses activités d'élevage et de production céréalière en se lançant dans, cela aurait pu paraître évident en d'autres temps, dans les pailles... en paille, plus exactement en seigle.

Pour végétaliser et donner une touche conso responsable à vos tables de fêtes, ou tout simplement pour les rendre plus belles à la lueur dorée de ces jolis cylindres plongés dans des cocktails pour lesquels je vous fais confiance, n'hésitez pas à commander étuis ou carrément boîtes sur son site : https://vestige.bio. Si au passage vous êtes organisateur d'évènements souhaitant tirer des bords vers l'écoresponsabilité, type mariage, festival, communion de la grand-mère ou bal des débutants du grand-père, ne l'oubliez pas non plus car cette initiative mérite vraiment d'être soutenue. Pourquoi ? Parce qu'en langage très sérieux et pas du tout festif, voici un des encore trop rares exemples de relocalisation d'un objet manufacturé souvent ailleurs, loin, en plastique, donc bien éloigné de la logique tout en économie circulaire et en low tech qui anime notre ami du Perche. C'est timide, c'est encore à la marge, on va me dire que j'en fais des caisses juste pour des pailles. N'empêche, on ne peut nier que ce produit est d'usage et que lui trouver une alternative propre, c'est déjà ça, sans compter la valeur d'exemple associée à ce genre d'entreprise. Or nous avons un besoin certain, non, à notre époque, de telles valeurs d'exemples, je veux dire d'exemples positifs et utiles, pas comme ce qui nous envahit d'inutile et de trop souvent négatif. Car Mike Saillard incarne celui qui ne se contente pas, qui cogite et qui fait ainsi avancer les choses. Ainsi, tout gaspillage est évité car au prélèvement des graines de seigle qui vont ensuite vers une meunerie pour produire du pain, denrée de base pour laquelle il faudrait -à défaut de « petits » réacteurs nucléaires- promouvoir ci et là des filières de production. Quant aux brindilles qui demeurent au sol après la fauche, elles servent de litière (miracle!) aux animaux ou de paillage pour les jardins nourriciers. Cette chaîne a non seulement été pensée relativement à ce qu'elle produit mais aussi à comment elle le produit, ce qui a amené l'agriculteur à se doter d'une vieille moissonneuse-lieuse récupérée et alimentée sans pétrole. Quant aux pailles, eh bien c'est Mike en personne qui a le final cut car il les taille tout bonnement à la main, ce qui rend ces articles à la fois abordables et de bonne tenue, un peu comme une belle citrouille est redevenue de nos jours un élément très sélect de déco bon teint. A la fin des festins, vous vous demanderez peut-être quoi faire de vos pailles. Là encore, tout est cohérent et bien pensé : soit elles sont hors d'usage car vous les aurez trop machouillées et alors direct dans le compost (pas avec mémé), soit elles ont encore une forme digne (comme pépé) et alors il suffit de les laver, ou même de les mettre au lave-vaisselle, et de bien les sécher. J'ai essayé et c'est vrai de vrai. Bon, il est annoncé qu'elles peuvent tenir ce rythme un an. J'avoue ne pas en être encore là mais je poursuis le test et je me dis qu'au pire, tout cela finira en aimable jeu à l'ancienne lui aussi, comme un petit air de courte paille nez dans le vent.



©Yolaine de LocoBio,

Décembre 2021


 
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