Paille
alors !
Je vais vous parler
d'un temps que les moins de 60, 70 ans ne peuvent pas connaître vu
qu'ils (donc je) ont été littéralement biberonnés au plastique.
Il a tellement tout envahi et les urbains sont tellement devenus de
plus en plus urbains et de plus nombreux, tous plus coupés de la
« nature » les uns que les autres... eh bien que le
plastique est comme par hasard devenu la norme. Il est désormais
partout partout partout, nul besoin d'épiloguer sur le nouveau
continent dont il est à l'origine et, symétriquement à l'opposé,
sur les ultra fines particules qui s'en échappent et se retrouvent
partout décomposées. A commencer dans tous les organismes vivants
et, au moins un peu de justice même si elle est bien triste celle-là, dans
nos propres organismes d'êtres humains. Alors voilà, alors est-ce
que ce cirque va continuer encore longtemps ? Il se pourrait
bien que non -si on veut bien laisser cette tendance croître-, non
grâce au droit qui évolue et qui, depuis janvier 2020, interdit en
principe les objets en plastique à usage unique. Et non grâce à la
relève qui, dotée des forces de la jeunesse et d'une terre avec
laquelle le lien n'a jamais été rompu, s'avère d'une inventivité
pour tous vitale. Voici donc Mike Sallard, normand de son état,
repreneur de la ferme familiale déjà convertie en bio par le papa,
qui a eu l'idée de diversifier ses activités d'élevage et de
production céréalière en se lançant dans, cela aurait pu paraître
évident en d'autres temps, dans les pailles... en paille, plus
exactement en seigle.
Pour végétaliser et donner une touche conso
responsable à vos tables de fêtes, ou tout simplement pour les
rendre plus belles à la lueur dorée de ces jolis cylindres plongés
dans des cocktails pour lesquels je vous fais confiance, n'hésitez
pas à commander étuis ou carrément boîtes sur son site : https://vestige.bio. Si au passage vous êtes organisateur d'évènements
souhaitant tirer des bords vers l'écoresponsabilité, type mariage,
festival, communion de la grand-mère ou bal des débutants du
grand-père, ne l'oubliez pas non plus car cette initiative mérite
vraiment d'être soutenue. Pourquoi ? Parce qu'en langage très
sérieux et pas du tout festif, voici un des encore trop rares
exemples de relocalisation d'un objet manufacturé souvent ailleurs,
loin, en plastique, donc bien éloigné de la logique tout en
économie circulaire et en low tech qui anime notre ami du Perche.
C'est timide, c'est encore à la marge, on va me dire que j'en fais
des caisses juste pour des pailles. N'empêche, on ne peut nier que
ce produit est d'usage et que lui trouver une alternative propre,
c'est déjà ça, sans compter la valeur d'exemple associée à ce
genre d'entreprise. Or nous avons un besoin certain, non, à notre
époque, de telles valeurs d'exemples, je veux dire d'exemples
positifs et utiles, pas comme ce qui nous envahit d'inutile et de
trop souvent négatif. Car Mike Saillard incarne celui qui ne se
contente pas, qui cogite et qui fait ainsi avancer les choses. Ainsi,
tout gaspillage est évité car au prélèvement des graines de
seigle qui vont ensuite vers une meunerie pour produire du pain,
denrée de base pour laquelle il faudrait -à défaut de « petits »
réacteurs nucléaires- promouvoir ci et là des filières de
production. Quant aux brindilles qui demeurent au sol après la
fauche, elles servent de litière (miracle!) aux animaux ou de paillage
pour les jardins nourriciers. Cette chaîne a non seulement été
pensée relativement à ce qu'elle produit mais aussi à comment elle le
produit, ce qui a amené l'agriculteur à se doter d'une vieille
moissonneuse-lieuse récupérée et alimentée sans pétrole. Quant
aux pailles, eh bien c'est Mike en personne qui a le final cut car il
les taille tout bonnement à la main, ce qui rend ces articles à la
fois abordables et de bonne tenue, un peu comme une belle citrouille
est redevenue de nos jours un élément très sélect de déco bon
teint. A la fin des festins, vous vous demanderez peut-être quoi
faire de vos pailles. Là encore, tout est cohérent et bien pensé :
soit elles sont hors d'usage car vous les aurez trop machouillées et
alors direct dans le compost (pas avec mémé), soit elles ont encore une forme digne
(comme pépé) et alors il suffit de les laver, ou même de les mettre au
lave-vaisselle, et de bien les sécher. J'ai essayé et c'est vrai de
vrai. Bon, il est annoncé qu'elles peuvent tenir ce rythme un an.
J'avoue ne pas en être encore là mais je poursuis le test et je me dis
qu'au pire, tout cela finira en aimable jeu à l'ancienne lui aussi,
comme un petit air de courte paille nez dans le vent.
©Yolaine de LocoBio,
Décembre 2021
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