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Cogitations et actions
Chronique 132
26-11-2021

 

Pourquoi redonner droit de cité aux plantes

Ou les bienfaits de la « Nature » en ville


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Si LocoBio s'intéresse plus particulièrement à l'agriculture urbaine sous l'angle de la relocalisation alimentaire, l'intérêt pour cette nouvelle forme d'activité dans un milieu qui l'a exclue ne se limite pas à cette dimension. En effet, que fait-on quand on mange ? On ne fait certainement pas qu'approvisionner un corps, a fortiori quand on absorbe des aliments produits dans un environnement proche -si on est soi-même citadin- et c'est encore plus vrai quand on a soi-même contribué à produire ces aliments, par exemple dans un jardin partagé. On s'en doute, les enjeux vont bien au-delà de la « simple » nutrition et cela regarde bien évidemment le développement urbain à venir dès lors qu'on voudra bien le penser durable, donc vraiment vivable

Il revient à une association d'Angers, Plante et cité, qui a quasiment le même âge que LocoBio puisqu'elle a été créée en 2006, de proposer un étayage scientifique à ce que tout le monde sent et pressent. Certes le sujet est vaste et les travaux dans ce domaine sont quand même déjà assez nombreux mais une thèse récemment soutenue a retenu toute mon attention. Tout d'abord, je tiens à présenter brièvement nos collègues qui œuvrent – notamment en accompagnant les collectivités intéressées- sur ce que l'on appelle classiquement la « nature en ville ». De quoi s'agit-il ? Principalement de la gestion des espaces verts et du fait de favoriser la biodiversité. Pelouses et abeilles au programme, quoi. Cela pourrait sembler anodin sauf que pas du tout parce que les pelouses en question connaissent nombre de mutations, ne serait-ce qu'à travers le nécessaire respect de la loi Labbé pour une gestion plus écologique et disons que ce n'était pas du luxe car une drôle de routine s'était installée à cet endroit aussi (voir : https://www.ecophyto-pro.fr/actualites/lire/779). Concernant les abeilles, il s'agit comme on le sait chaque jour un peu plus d'un sujet politique s'il en est tant il est vrai que sans elles on peut se poser la question de l'agriculture et de l'alimentation, sachant qu'actuellement, « grâce » à la chaleur en ville et au moindre usage de produits toxiques, elles s'y retrouvent plus prospères que dans les campagnes. On pourra dire à ce constat que l'Humanité a réussi un brave tour de force car en arriver là, il faut vraiment être motivé pour ne pas en rester à de la consternation paralysante. En tout cas, vous trouverez sur leur site https://www.plante-et-cite.fr bien des éléments d'information et d'action sur ces sujets tout comme la végétalisation des pieds d'arbre qui est actuellement aussi à juste titre en vogue car marre de pauvres arbres entourés d'asphalte. Après, ils soulèvent tout car souvent leurs racines suffoquent et on fait quoi ? On râle parce que les trottoirs et les routes gondolent donc... donc... la sécurité est en jeu, toujours elle, et alors le plus simple, toujours le plus simple est d'aller au plus court... et justement de les couper. Un peu d'intelligence et d'anticipation ne ferait pas de mal parce qu'il ne s'agit pas que d'un décor, encore moins d'un théâtre. Quand on coupe, il s'agit d'êtres vivants qui ont mis des années à pousser et nous aussi, en principe, nous sommes des êtres vivants au milieu de ce cirque parfois triste, souvent pas à la hauteur.


A propos d'êtres vivants et bien vivants, venons-en précisément à la thèse de psychologie qui vient d'être soutenue par Bastien Vajou. Elle témoigne d'une ouverture, du moins je la perçois comme telle, de Plante et cité aux thématiques alimentaires et de santé publique. Ainsi, leur dernière publication annuelle (https://www.plante-et-cite.fr/n/les-publications-de-la-collection/n:43) s'intéresse à l'impact des espaces verts sur la santé humaine. Le travail de B.Vajou s'inscrit dans cette perspective et s'est ancré dans un parc à Angers, ville où se situe l'association qui a d'ailleurs également depuis 2010 une antenne en Suisse, à Genève. L'idée était, en faisant vivre une « expérience de nature » à des volontaires, de les confronter à deux parcours, l'un ouvert et l'autre fermé, pour ensuite recueillir leur impression. Bien sûr les recherches doivent être poursuivies mais nous en savons déjà bien assez pour passer à la vitesse supérieure et ne plus réduire le classique « parcours santé » à un simple jogging dominical avec obstacles et exercices au grand air. Tout l'enjeu ne se limite pas, et ce n'est déjà pas rien, au « cardio » et à des pathologies comme l'obésité. Il s'agit en effet de mieux se sentir, suivant en cela l'acception large du terme « santé » qui prévaut désormais des plus hautes instances comme l'OMS à notre propre ressenti car nous sommes bien les premiers à savoir qu'on peut ne pas être malades extérieurement, cela ne signifie pas pour autant que tout aille bien au plan global de notre petite personne. A l'issue de ce protocole qui a certainement eu des bénéfices pour le propre chercheur puisque « faire son terrain » dans un parc, on peut dire qu'il y a pire;), il a été constaté des effets positifs sur l'humeur, le stress, bref tout ce qui nous bouffe bien au quotidien et nous tape sur le coco au point de réduire certainement notre espérance de vie. Tout cela grâce à la vue qui est bien évidemment stimulée, mais aussi par la stimulation de tous les sens, à commencer par l'odorat, ah Mignonne allons voir si la rose... merci Monsieur Ronsard. Si ce sujet vous intéresse (et vous y auriez intérêt!), rdv le 7 décembre prochain pour une visioconférence qui présentera plus en détails le pourquoi et le comment de ce travail ainsi qu'un guide pour tous ceux qui voudraient s'engager dans une démarche d'amélioration de la santé par la prise en compte du paysage, y compris comestible, en ville (https://www.plante-et-cite.fr/specif_actualites/view/1006/typeactu:actualites/slug:visioconference-nature-en-ville-et-sante-par-plante-cite-et-la-metropole-du-grand-paris-le-decembre/n:39/themes:8,13,14).


Je conclue en disant que comme je fais partie de l'espèce humaine, je m'intéresse à son amélioration et donc sa santé, la mienne, m'intéressent. Toutefois, la présence de la « Nature » en ville relève davantage selon moins d'un principe moral puisque venant d'elle, l'ayant sans ménagement (mais à coups, certes, de nombreux aménagements) expulsée des villes et la mettant en danger partout à la surface de la planète, je vois mal comment un humain pourrait sérieusement tenir debout, se regarder dans une glace et marcher droit, on dira avancer, sans retrouver des relations pacifiées, justes et équilibrées avec cette part de nous-mêmes. La question se situe donc plus en amont, à un niveau si on veut spirituel, sachant que l'entité en question se compose d'un nombre fantastique d'autres espèces qui ont tout autant besoin que nous d'écosystèmes sains et durables. Toute la question est : quand ce message d'ensemble va-t-il enfin passer ?

 

©Yolaine de LocoBio,

Novembre 2021


 
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