Hep,
vous savez quoi ?
On en a marre de toutes ces histoires de
climat
C'est
bientôt Noël et on mange quoi ? Végan !
Vu
le résultat décevant de la COP 26 et même si c'était prévisible,
moi perso je mangerais bien un bon cuissot de lobbyiste
automobilo-pétrolo-casse-couilles pour me donner un peu de force
parce que bien sûr la lutte continue et on va tous la gagner que ça
plaise ou non. Cela dit, Noël arrive avec son lot de douceur dans
les non moins doux foyers donc, après s'être bien échauffé les esprits, il
va falloir songer à se calmer un peu et surtout à (se) faire
très plaisir. Je passe sur l'aspect militant-sensibilisation à la faveur
des repas de famille parce qu'on ne va peut-être pas en rajouter
côté ce qui fâche. Et pourtant, mine de rien, rien n'empêche,
surtout pas si vous attaquez subrepticement les hostilités avec une
tartinade de lentilles au lait de coco et curry, rien de bien
méchant, franchement on va pas en faire tout un fromage, surtout si
c'est d'emblée arrosé d'un bon grog des familles aux écorces de
cacao. Un grog ?! Mais c'est bien catholique, ça, c'est bien
végan ? Mais tout à fait et je ne vois pas pourquoi ça ne le
serait pas.
Vous
l'aurez compris, ma chronique d'aujourd'hui porte sur la cuisine
vegane à la faveur des fêtes de fin d'année. Et quand je parle de
cuisine, c'est volontairement car cela inclut tout aussi bien des
mets d'exception, la gastronomie -et il existe bien une gastronomie
végane-, que les repas de la vie quotidienne. Pour vous initier avec
le sourire, rien de mieux que d'acquérir au prix modique pour un si
bel ouvrage (13,50 euros) Un
grand Noël vegan,
édité par les éditions La Plage. Il y a fort à parier que vous
trouverez votre bonheur tout au long de ces si alléchantes pages qui
vous proposent pas moins de 13 possibilités de menu. Elles ont été
formulées par la crème de la crème des auteurs investis dans la
cause et le sujet de longue date, dont certains sont évidemment
aussi bloggers et podcasters et vous trouverez d'ailleurs à la fin
un tas d'informations permettant de poursuivre votre pratique
culinaire festive. Hormis un léger bémol car me manquent
personnellement de petites indications quant au coût, au temps de
réalisation et à la teneur en calories, je tiens d'ores et déjà
ce livre comme un pilier de ma bibliothèque végane de base. Ses
qualités sont en effet nombreuses et j'en ai déjà mentionné une
avec son rapport prix minus mais il fait le maximum. Cela vaut aussi
d'ailleurs en creux pour l'ensemble des recettes proposées car elles
partent toutes des produits récurrents dans un régime végan, à
savoir sont aimablement convoqués mais sous des formes différentes
de l'accoutumée noix de cajou, graines de sésame et autre tofu
forcément soyeux vu la circonstance. Que vous soyez déjà dans la
démarche de changer votre alimentation ou de la diversifier pour
différentes raisons, le fait de partir de ces produits permet
d'amortir des coûts pouvant être gênants. Autre qualité :
nous sommes évidemment aussi dans des produits de saison,
betteraves, panais, avocats, mandarines ayant pour vocation d'égayer
les papilles et des tablées le plus éco-responsable possible. Car
si le véganisme renvoie avant tout à une posture de respect
vis-à-vis des animaux en s'abstenant d'en consommer sous quelque
forme que ce soit, l'enjeu est aussi bien souvent de gagner en
cohérence au niveau alimentaire. D'où la saisonnalité qui n'est
ici pas explicite mais que l'on peut constater. On pourrait aussi
rajouter un souci pour du biologique, du local et de l'équitable,
autant dire, oui je vous vois bien, une mule un peu trop chargée
d' idéologie pour des fêtes. Ce à quoi je vous répondrais
que non, il s'agit d'une philosophie visant à s'améliorer et que vous
reprendrez bien un peu de grog, ça aide, vous verrez.
Troisième
qualité : il y en a vraiment pour tous les appétits. Cela peut
en effet aller d'un menu léger autour des salades du « buffet
fleuri » concocté par Carolin Stroche, quand même couronnées
d'une pannacotta à la coco et coulis de mûre au thym, à des
formules plus conséquentes comme « Le cœur en fête »
de Stéphanie Tresch-Medici qui fait défiler : velouté de
topinambour, confit d'oignon au thym ; rôti de haricots Azuki
en croûte farci, sauce groseille ; boules de fromage aux
graines de chanvre, carpaccio de poires et petits pains ; et
enfin tarte chocolat coco, garniture pistaches et amandes. Pas mal,
non ?
Pour
ma part, j'ai trouvé mon bonheur car je ne suis pas un prodige en
cuisine, trop pressée et pas assez concentrée sur les proportions.
Trop gourmande aussi et avec de pareils ingrédients, c'est sûr que
j'aurais tout dévoré avant d'arriver à la fin des recettes.
J'hésite encore entre le « repas de l'ombrelle » et la « rose
des sables ». Ceci est un message à peine codé pour vous
suggérer dans le premier cas : une crème de carottes aux
noisettes suivie d'un parmentier à la purée de panais et de céleri,
le tout chapeauté par -attention!- une crème brûlée façon pain
d'épices et biscuits au citron. Si vous avez encore une petite faim,
une certaine Clea avance l'idée folle de compléter avec des truffes
souchet-coco. Vous me demanderez kezako le souchet et vous aurez
raison parce que j'en suis à peu près au même point que vous et
donc très officiellement, d'après Wikipedia mon amour, : « Le
souchet comestible (Cyperus esculentus L. 1753), souchet
tubéreux ou souchet sucré, est une espèce
de plante herbacée rhizomateuse vivace de
la famille des Cyperaceae
(famille des papyrus
et des carex). Il
peut également être appelé « noix tigrée » ou
« amande de terre. » C'est
une plante qui peut être considérée comme étant envahissante
hors de ses aires d'origine et où les hivers ne sont pas trop
rigoureux pour sa survie ».
Au fond, c'est peut-être pas si mal de finir l'année et d'en
commencer une autre en ingurgitant un peu de plante envahissante car
cela peut nous doter des super-pouvoirs dont nous avons bien besoin,
donc va pour le souchet. Enfin on est bien d'accord : seulement
s'il s'accompagne de coco et finit en truffe que moi, bonne truffe,
je déguste. Bon, ou alors j'ai l'option houmous de betterave avec
crackers, risotto kale (chou aux vertus paraît-il exceptionnelles,
tout un programme;)) et champignons, et surtout mousse au chocolat
étonnante doublée de ses biscuits noisette, chicorée et fleur de
sel. Qui dit mieux, non mais franchement qui dit mieux ?
Pas
mieux. Et le mieux c'est qu'il y a mieux encore parce que beaucoup de
ces plats, une fois que vous les aurez savourés voire confectionnés,
feront désormais partie de votre quotidien. C'est pas bien ça, de
devenir vertueux pour soi, les animaux et la planète sans douleur ?
Que demande le peuple ? Bon, c'est sûr, en allant on espère au
Paradis, c'est sûr qu'il y aura certains petits comptes à rendre,
certainement, à tous les légumes et fruits, frais ou secs, qu'on
aura avalés. Autant se le dire tout de suite et préparer un
argumentaire. En fait, il est assez simple : nous aussi, à
condition d'arrêter de se conduire comme des sous-humains, on a
toute notre place sur terre. Donc si on consomme responsable (voir
critères plus haut, auxquels rajouter l'absence de gaspillage), si
on exprime de la conscience et de la gratitude sans chichi et sincère
quand on fait cet acte au fond incroyable et magique de donner à
notre corps de quoi se maintenir et se développer, alors je crois
que ça devrait passer, on devrait pouvoir franchir la ligne
d'arrivée d'un quelque part au-delà plutôt sympa. Dans mon sac à dos, pour
être plus sûre si jamais le chemin est plus long que prévu,
j'emporterai un assortiment de caviar aux légumes et au guacamole et
puis aussi des croquants spéculoos et gingembre confit. Avec tout
ça, ça devrait aller, oui ça devrait aller et alors je pourrai
trinquer avec tous les animaux que j'aurais contribué à sauver.
En
attendant (sans vraiment attendre), je continue à feuilleter
ce livre et, plus je le feuillète, et plus je me dis qu'il ferait en
prime un joli cadeau aux convives d'un soir, beau soir... et matin
car il s'achève sur « le brunch du lendemain ». Vous
voulez savoir ce qu'il y a dedans ? Allez, je suis sympa :
je vous donne deux indices sur 5 en tout et puis je vous laisse pour
cette fois-ci et c'est tout : bacon de tempeh et pancakes à
l'orange. Hum... ça sent bon déjà dans les chaumières apaisées.
©Yolaine de LocoBio,
Novembre 2021
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