En vrac…
… je vous souhaite une heureuse année 2017. Espérons juste ne
pas en récolter que des cacahouètes (même si je reconnais à ces arachides, au
sens propre, de vives qualités).
Alors, par quoi
commencer
justement ?
Par de petites râleries, histoire de ne pas perdre la main,
enfin l’esprit « poil à gratter » car, malheureusement, il y a
matière à gratter. La pollution d’abord,
avec ses pics qui n’en sont presque plus tant on s’installe gentiment dans de
la sombre et asphyxiante continuité. Bon, on peut toujours se rassurer,
chercher toujours à se rassurer en se disant qu’on n’est pas à Pékin. Sûr, vu
ainsi, il y a de quoi se rassurer. On n’en est pas encore aux restaurants qui,
là-bas, s’équipent en purificateurs d’air pour continuer à attirer la clientèle
même si ces appareils, de l’aveu même de certains restaurateurs, ne servent pas
à grand chose. Les livraisons, elles, sont boostées. Pourquoi ? Parce que chacun reste confiné chez soi pour
éviter, éviter… éviter de sortir. C’est d’ailleurs ce que recommandent les
autorités en cas de pic, donc de plus en plus souvent. Eh oui, c’est ça le
progrès, c’est ça la ligne d’horizon toute tracée : c’est de rester
confiné chez soi, de ne surtout plus sortir les enfants. Et que personne ne
bougne, ne s’avise de faire quoi ? Du sport en plein air ? Mais vous
êtes fou ou quoi ?
Heureusement la
vignette arrive bientôt, afin d’éviter la circulation alternée. La solution est bien là, c’est
certain, dans une discrimination rendue visible (car en plus, il faut la payer)
entre les véhicules les plus polluants et les moins polluants. Comme si les
détenteurs des premiers le faisaient exprès, adoraient polluer. Et que ceux qui
ont le plus de moyens étaient écolos dans l’âme. On marche sur la tête. On ne
peut que souhaiter que ce dispositif n’erre pas seul dans un dédale de
non-action sur le fond du dossier « Pollution » et n’augmente pas
davantage les injustices dans notre pays. Alors, à quand un gouvernement qui
dirait clairement que l’industrie de l’automobile comme hier, pourvoyeuse de
nombreux emplois quitte à ce qu’elle pollue, c’est fini ? A quand un
gouvernement courageux qui dessine un vrai projet de société alternatif ?
Cela fait quoi… plus de 40 ans que l’on attend maintenant, il faudrait
peut-être se bouger.
Et pour se bouger, il y en a qui se bougent. Encore des
images terrifiantes et si vraies sur les élevages de visons, dues cette fois-ci
à One Voice et non pas L214 comme souvent ces derniers temps.
Je suis personnellement effarée de voir la floraison de frimousses de tous âges
et de tous sexes, aucun complexe, aucune inhibition, pas la moindre once de
conscience et encore moins d’esprit de responsabilité, qui déambulent dans les
rues avec des blousons à capuche de fourrure.
C’est la mode, chut, surtout pas de critique. C’est surtout un beau coup de
marketing, une fois de plus. Et cet hiver, aussi, qui n’a pas son bonnet à
pompon… en lapin ou autre bestiole littéralement torturée de A à Z ? C’est
hallucinant, c’est vulgaire au sens premier du terme, mais ça marche. Le pire,
comme toujours, c’est que ça marche. On aurait pu penser que non, qu’après tant
de campagnes de sensibilisation, que dans notre pays « avancé », non
une telle vague ne serait plus possible. Et non, dans cette matière comme dans
d’autres, dans cette matière plus que dans d’autres, rien n’est acquis. Alors
tout repose une nouvelle fois sur le
fait de voir, savoir, faire savoir, soutenir ceux qui font ce travail
d’information face au silence de l’invisible et de l’innommable. Et évidemment
s’abstenir de ressembler à tout le monde, quitte à se tricoter un bonnet
soi-même –c’est pas si difficile- ou d’en chiner un. Emmaüs, vous
connaissez ? Et les coups de gueule du bon vieil abbé, est-ce que ça nous
parle encore ? Tiens, ça me fait penser : vite courir voir La Sociale, du documentariste Gilles
Perret (en plus, il est d’ici), sur notre chère Sécu. Histoire de se souvenir
des grandes luttes, des grands moments, des grandes luttes qui font les bons
moments et qui accouchent d’un système unique, plus performant que ce qu’en dit
le discours mou ambiant.
D’autres qui se bougent sinon, ce sont les journalistes de Que choisir ? Ce mois-ci, toujours
dans leur optique d’information du consommateur, ils se penchent sur tous ces
médicaments, tant de médicaments contre les maux de saison type rhume qui ne
servent purement et simplement à rien. Pire, certains sont même carrément
contre-productifs. Là encore, la clef est non pas de s’en remettre à d’autres
mais de se prendre un minimum en main
par des précautions hygiéniques d’usage, de bon sens. Cela ne coûte non plus
pas grand-chose, après vérification de non-allergie, d’avoir sa petite huile
essentielle de ravinstsara, de boire ses petites épices indiennes et d’alléger
son alimentation car on le sait, le système immunitaire apprécie le non-gras.
Les librairies regorgent, elles, de bouquins sur le sujet, pas chers, alors
autant mettre à profit la canonique période des soldes pour s’équiper dans le
domaine. Et plus généralement dans toute la littérature du Do It Yourself. Au
passage, un certain souci écologique est à saluer dans ce mensuel, comme en
attestent deux autres articles, l’un sur les nettoyants multi-usages et leurs
alternatives (bicarbonate et cristaux de soude), l’autre sur les salades en
sachet dont on sait par définition (sachet !!!) qu’elles ne sont pas la panacée.
Mais ok, pas grand-chose n’est la panacée pour l’instant, si tenté que la
panacée existe, alors autant faire le meilleur choix et plus globalement œuvrer
à faire évoluer le cadre des exigences.
Cela a toujours été la ligne de LocoBio, et on ne voit pas très bien pourquoi
cela changerait. D’abord parce que la modération est notre caractéristique
première, face à un monde tout plein modéré, si si. Ensuite parce qu’en
attendant la révolution, si tenté qu’il y ait nouvelle révolution et on sait
qu’il faut parfois s’en méfier, c’est sans doute la moins mauvaise ligne.
Et d’ailleurs je ne saurais que trop recommander, si pas déjà
fait, de se procurer la version papier ou de mirer sur le site de Chambéry Métropole
l’édition 2017 de « Goûtez aux
saveurs d’ici », le guide des producteurs locaux et de la vente
directe. C’est une belle chose que cette
initiative, soufflée par LocoBio en son temps, soit pérennisée. Même remarque
pour la Gliss’gourmande qui se
déroulera aux Aillons-Margériaz le dimanche 29 janvier prochain. Le concept,
original, sera décliné pour la 8ème fois déjà. Où il s’agit de
vaguement glisser mais surtout de découvrir foule de produits locaux, pas
forcément bio (dommage, mais bon…) type fromages, pains, chocolats, plantes
aromatiques, vins et même poteries. Un bon prétexte pour profiter de la
montagne enfin enneigée.
Pour finir, pas en vrac ni en rang, mais bien dans l’axe
quand même, celui du vrai changement, je vous recommande trois lectures.
D’abord celle de Noël Mamère qui, dans
Les mots verts. Pour une écologie du langage, livre une série de réflexions
grâce à des entretiens recueillis par la linguiste Stéphanie Bonnefille
(Editions de l’Aube, 2016). Bon, ce n’est pas une découverte : le langage
structure le monde. Donc un vrai changement passe par un nouveau langage,
c’est-à-dire cesser les euphémisations, les dénis et affronter le réel. C’est
pas gagné. Surtout quand on voit les écologistes en ordre dispersé dans un jeu
politique qui l’est déjà assez, dans un monde qui l’est pas mal aussi. Ok,
c’est nécessaire de poser la priorité des mots, de la rappeler, mais à quand
un/e leader et un vrai projet de société autre, bien bâti et, il faut le dire,
bien vendu aux citoyens ? L’analyse est intéressante. On a juste envie de
dire : Go !
Je recommande aussi La
lettre au dernier grand pingouin du journaliste au Canard enchaîné Jean-Luc
Porquet (chez Verticales). Pas gai gai le sujet et la perspective de la
« 6ème extinction » qui renvoie à loin, déjà loin, trop
loin, juste en 1844, la disparition de cet oiseau incapable de voler et donc
proie facile, si facile. Où il est question de biodiversité, ne devenons pas
blasés de ce mot, ne surtout pas n’y voir qu’un mot. Idem sur le chapitre de la
sensibilité dite animale, dont la reconnaissance progresse certes, mais trop
lentement. Là, il faut d’urgence s’imprégner des travaux et conclusions du
célèbre biologiste et primatologue Frans de Waal. Dans Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des
animaux ?, il pose LA question. Car arrêter de voir/mettre des
frontières là où elles ne sont pas nous permettrait enfin, à nous humains,
d’être pleinement nous-mêmes et surtout d’essayer de donner le meilleur de
nous-mêmes. On apprend que non, nous ne sommes pas les seuls à fabriquer des
outils, à classer en catégories, à avoir une mémoire phénoménale. Ah bon ? Tiens donc. Sans blague.
Et non, le monde n’est pas comme nous le croyons. Et d’abord,
à quoi cela sert-il de croire ? Il suffit juste de regarder. C’est sous
nos yeux. Alors autant les utiliser. A ce propos, une dernière
recommandation : voir en « replay » le documentaire sidérant
« Un grand pas pour
l’évolution » consacré à la vue et à la sophistication de l’œil. Où on
remonte à loin, très loin, ça fait du bien, on touche au fond, on atterri
enfin… au fond des océans. Où on apprend, quelle surprise tiens tiens, que
notre œil, oui notre œil à nous humains, provient d’un ancêtre commun à
d’autres espèces, une méduse, tu vois le truc ? Et qu’en plus ce serait la
migration d’un gêne d’une algue –non là, c’est impossible, ça devient
intenable, on touche le fond !- vers l’ADN de la méduse en question qui
aurait conduit à notre œil à nous.
Eh oui, pas facile facile de revenir sur tant de préjugés qui
arrangent l’ordre établi, bien endormi. Allez, en 2017, on se réveille, et si
on quittait un peu la chaleur de sa petite couette ?
©Yolaine de LocoBio
12 janvier 2017
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