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Cogitations et actions
Chronique 48
27-03-2012
Tout va bien

 

Il n'aura échappé à personne que l'écologie politique, représentée par Eva Joly pour les prochaines élections présidentielles, peine à s'imposer dans le débat. C'est un bien doux euphémisme, à peine un an après Fukushima. Il faut dire : le Japon, c'est loin. Il faut ajouter : la fin du nucléaire, encore plus. Et puis les esprits sont trop occupés après la croissance, les années fastes, en profiter, puis les premiers doutes, en profiter encore, les doutes persistants, tenir. Tenir jusqu'à la crise, la fin sans les haricots, donc la vraie fin. Alors c'est sûr, dans ce contexte devenu tel, l'écologie politique n'est pas la priorité.

Comment pourrait-elle l'être d'ailleurs en poursuivant comme elle le fait sur le registre catastrophiste ? C'est vrai, quoi, est-ce qu'elle sera un jour autre chose que le catalogue désastreux de ce qui ne va pas, enfin de ce qui va, même pas terrible, mais sur lequel elle porte un regard désastreux ? Cessera-t-elle enfin de n'être que récriminations et sombritude ? Quand l'écologie va-t-elle se mettre à faire sérieusement de la politique ? Sera-t-elle enfin un jour sexy comme les autres? Car c'est vrai : on est en droit d'attendre qu'elle soit sexy comme les autres. Ou alors, qu'elle ne s'étonne pas de ses échecs.


En effet, le bilan depuis maintenant 40 ans des autres en question, droite et gauche de gouvernement confondus, est comparativement très brillant. Et les perspectives dessinées par leurs programmes, ainsi que par ceux des autres partis d'ailleurs, sont fort attrayantes. On oscille -ou plutôt on vacille- entre re-gestion de la re-rigueur et re-promesse du Re-Grand Soir, le tout placé sous le sceau d'un productivisme nullement remis en cause puisqu'on est dans le schéma-balancier du re-re. Quant au mois qui vient de s'écouler... il est évident qu'il culmine en matière de « faire envie ». De la polémique sur la viande de toute façon estourbie aux massacres dans le sud-ouest, on nage dans le sexy. Et surtout on n'a pas du tout, mais alors pas du tout, le sentiment d'un gros gâchis. C'est vrai, comment imaginer qu'on en serait arrivé là si la décolonisation et l'économie avaient été menées autrement ? Il s'agit bien d'un problème global, n'ayons pas peur de montrer les liens et la cause principale : le développement économique. Dans tous les cas, c'est l'hégémonie qui est toujours recherchée, une hégémonie porteuse de discriminations entre pays et à l'intérieur des pays. Il faudrait avoir le courage de reconnaître les faits politiques passés, sans repentance mais pour faire cesser la victimisation qui ruine tous les efforts d'intégration. Il n'y a pas de honte à reconnaître ce qui a été. Tant qu'il n'y aura pas eu cet acte, toute politique sociale « en direction de l'immigration » sera vaine.


Ce sera normal et ce sera d'autant plus dommage que par ailleurs la société est en pleine désintégration, brutale et durable, sans distinction de race ni d'origine. Les chiffres sont accablants et concernent le quotidien plombé de chacun : hausse de 4,4% du panier moyen des consommateurs en 2011 sur fond de +30% en 11 ans rien que pour les produits alimentaires, augmentation continue du chômage (bientôt la barre des 3 millions de chômeurs) et de la précarité, prix record du litre de gazole et d'essence (respectivement 1,45 et 1,64 euros pour le sans plomb 95), etc... Il ne faut surtout pas se plaindre. Des membres de la majorité nous expliquent que « le chômage partiel peut être une solution » ou encore que le but est « d'avoir un emploi, peu importe avec quel salaire ». Aussi que « maintenant, les Français sont enfin raisonnables ». Une longue crise plus une petite crise par dessus et on va peut-être commencer à pouvoir discuter. C'est super. Et surtout c'est so sexy comparé à l'écologie et à ses grands discours de post-monde.


Réparer. On ne pourra réparer qu'en reconnaissant ce qui a été, en le qualifiant de ce que c'est -c'est-à-dire de mauvais choix regrettables- ; en constatant l'impact déflagrateur sur les parties et le tout éclaté en parties à rassembler tant qu'il est encore temps. On ne pourra réparer qu'en chassant absolument le sexy, vague croisement du marketing et de la pornographie, de la politique : non, les politiques n'ont pas à être sexy. On s'en fout même. Ne pas mélanger les genres, comme si les services publics étaient, au hasard et par exemple, des entreprises comme les autres. Ce qu'il faut, c'est arrêter les mensonges cyniques à courte vue de trop longues carrières. On ne pourra réparer qu'en revenant -l'essentiel étant que ce ne soit pas du repli- aux initiatives locales car elles se multiplient et maillent le territoire-avenir.


Ainsi, en ce mois où les jardineries fêtent le printemps en proposant des ateliers pour « bien soigner son gningnin de compagnie » sans remettre leur commerce en cause ni penser aux abandons futurs,

en ce mois où des singes ont été lâchés « en éclaireurs » dans les forêts irradiées du Japon,

en ce mois où l'on attend impatiemment leur témoignage,

je souhaite partager avec vous quelques bonnes adresses et plus largement quelques bonnes nouvelles :


Une nouvelle épicerie dans l'esprit du « locavorisme » et du slow food a ouvert à Saint-Alban Leysse. Il s'agit de Savoie Saveurs. La magasin est bien agencé et présente une belle diversité de produits de qualité, surtout pour tout ce qui est transformé (potages, confitures, etc...). Evidemment, il semble difficile d'y faire toutes ses courses car les prix ne se comparent naturellement pas avec du discount. Je ne suis même pas sûre que ce soit le but, mais l'idée est bien de toujours proposer davantage de local, de tisser des liens durables avec des producteurs locaux et de toujours maintenir le goût de la qualité. Un magasin plus un magasin plus un magasin de ce type, ça augmente les chances de tomber dessus, de se dire pourquoi pas, de pérenniser des activités riches pour tout le monde.

Leur site: http://www.savoiesaveurs.fr


Voici quelques temps, je vous avais fait part de mon enthousiasme au sujet de l'exposition « La fabrique du quotidien, art populaire alpin ». Loin d'être passéiste, cette manifestation montrait bien l'ancrage, dans notre région, de savoir-faire et d'un bon sens précieux. Terminée à La Chataignière, soit à Yvoire en Haute-Savoie, cette exposition est désormais visible grâce à une visite virtuelle largement financée par les fonds publics (tiens tiens, mais on dirait que ça sert finalement , les fonds publics, à retrouver et donc à maintenir des liens sociaux).

Voir: http://culture74.fr/visite-virtuelle/START.html


Une autre initiative intéressante: l'exposition « De la veillée à la télé », qui présente à Entremont-le-Vieux la vie quotidienne d'une famille savoyarde en 1860. Evidemment, cela nous interpelle sur la vie actuelle, c'est même fait exprès !, et en particulier sur le rôle des media. Les images endurées ces derniers jours au nom de « l'information en continu » peuvent laisser songeur sur l'impact comparé en termes de violence continu et d'information réelle. Les organisateurs ont de plus manifesté un souci pour la préservation de l'environnement puisque les peintures des modules sont en particulier sans solvant et une partie du mobilier de l'expo provient de bois local.

A voir jusqu'en mai: http://www.musee-ours-cavernes.com


Une fois n'est pas coutume, un coup de projecteur sur l'herboriste désormais attitré de Chambéry, Yves Yger, qui révèle au fil des saisons ses talents de comédien soucieux de partager sa passion pour les plantes. Il a concocté un riche programme de « Causeries botaniques » dont vous pouvez retrouver les dates sur http://www.delabotanique.com/Ev-nements.html. J'en profite d'ailleurs pour donner aussi l'adresse du nouveau site de son magasin : http://www.herboristeriedesavoie.com



Et puis lire Neige, de Maxence Fermine, l'auteur de L'apiculteur.

C'est avec lui que je clos cette chronique d'un temps pas jojo, mais beau, oui quand même beau :

« Ce printemps, Yuko tint promesse et n'écrivit aucun vers.

Il se contenta de respirer le parfum des pétales de fleurs du cerisier dans le jardin vert.

L'été, il respira les senteurs de miel de la forêt sous le regard de la lune à la cime des montagnes.

Aux premiers jours d'orage, il trouva une chanterelle dans la mousse près de la rivière.

Ce fut une année immobile et parfumée.»


Allez... tout va bien.



©Yolaine de LocoBio,

27 mars 2012


 
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