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Cogitations et actions
Chronique 23
26-10-2009
Un scoup : la terre est moins basse en Haute-Savoie ! 

 
Cultiver son jardin en étages sera bientôt possible pour tout un chacun grâce à l’invention assez remarquable de Jean-Claude Rey, un haut-savoyard qui vient juste d’implanter son usine à Thonon-les-Bains. De quoi s’agit-il exactement ?

De tours agricoles constituées d’échelles et de passerelles ressemblant fort aux escaliers d’accès aux remontées mécaniques en station. A chaque étage, de par et d’autre d’une travée, il y a des bacs remplis d’assez de terre pour que la vie du sol reprenne ses droits. Au fond des bacs, les billes d’argile permettent une consommation minimale d’eau ; eau d’ailleurs récupérée sur le toit de la tour mais aussi après l’arrosage. Un atout important de cet ingénieux système est sa modularité puisque vous pourrez acheter de 4 bacs pour votre balcon ou pour compléter la production de votre petit potager, à 16 bacs superposés jusqu’à plusieurs mètres de haut. De quoi, très certainement, apporter en partie une solution à la pénurie de terre dans les villes de demain : Vive la verticalité ! Vive les immeubles maraichers ! Je dois dire que l’image (à consulter sur http://www.courtirey.com) est assez frappante, même halléchante ; et que la perspective d’évoluer dans un espace urbain jalonné de ces poumons nourriciers ouvre des horizons aussi plaisants qu’utiles. Il est évident que ces cultures en étages pourraient se développer dans les écoles, afin de sensibiliser à une bonne alimentation. Par la découverte du jardinage, elles permettraient enfin d’étudier plusieurs matières et donc de décloisonner le savoir. Tout en mesurant –même de loin, mais quand même- le travail que cela représente de faire pousser petits fruits et légumes, elles participeraient à la revalorisation du métier d’agriculteur auprès des jeunes générations. Mais on peut tout aussi bien imaginer les collectivités publiques et les entreprises se doter de tels systèmes : d’ailleurs, sous une autre forme, cela existe déjà pour offrir aux salariés une « pause basilic » qui augmente leur estime de soi et, partant, leur productivité…

Les débouchés de ce jardin inédit qui a déjà permis à son inventeur de recevoir plusieurs prix de l’innovation en Europe, sont par conséquents nombreux. On ne peut que se réjouir de la reconnaissance, même si elle est avant tout symbolique, de la Région Rhône-Alpes, à travers un de ces prix. Cela confirme l’appui des politiques en faveur de l’écologisation de l’économie ; processus que nous appelons de nos vœux à LocoBio. Car nous sommes dans ce cas face à un produit « écolo » dans la mesure où il incarne l’intégration propre au développement durable (panneaux solaires, gestion optimale de l’eau…). Et ce produit « écolo » a pour finalité de produire une alimentation saine par soi-même. Enfin, ce produit « écolo » bio-autonome est fabriqué ici, avec des matériaux que l’inventeur s’engage à choisir selon des critères éthiques. Ainsi, les bacs en plastic, très peu pour lui, car la matière certes recyclée serait brassée par des enfants des pays pauvres dans des conditions peu reluisantes. Pour conclure sur les débouchés, la volonté affichée par la jeune entreprise est entre autres de se positionner sur le marché de ces pays afin que soient fabriqués sur place des tours. Et de rompre, peut-être enfin, avec la spirale de la faim. Jusque-là, il y aura du chemin ; mais il est vrai qu’un avantage du système est déjà de mettre les cultures hors de portée de certains prédateurs.

Cette dimension internationale du projet m’amène à formuler une première réserve. Je sais bien qu’il ne faut pas trop « mettre la pression » aux acteurs économiques qui se lancent, comme on dit. Mais il faudra sans doute veiller à ce que la prospection des clients et l’acheminement des marchandises se fassent dans des conditions optimales du point de vue des transports. La seconde réserve porte sur la prétention de ce système à toucher les professionnels du maraîchage. On ne voit en effet pas très bien comment ces bacs, même en grand nombre, pourraient permettre à des légumes ayant jusqu’à nouvel ordre besoin de place, de pousser (pommes de terre, choux, etc…). Par ailleurs, l’homme ne se nourrit jusqu’à nouvel ordre pas que de petits fruits et de légumes : quid de la culture des céréales, par exemple ? Enfin, cette invention ne doit pas reléguer la défense de l’agriculture proprement paysanne et la défense du foncier aux oubliettes. Au contraire, elles doivent plus que jamais être prioritaires.

Bon vent à Courtirey et tous à vos mini-bèches sans vous casser la binette! 


© Yolaine de LocoBio, Octobre 2009

 
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